En annonçant le lancement d'un «concours international d'architecture sur la reconstruction de la flèche», le Premier ministre, Edouard Philippe, a-t-il donné «un os à ronger» aux architectes comme le pense l'un d'entre eux ? Cette initiative concentre en tout cas leur attention sur autre chose que la restauration d'un monument historique, exercice pour lequel ils ont peu de compétences. A part ça, peut-on redessiner la flèche ? Pour Frédéric Létoffé, du Groupement des entreprises de restauration de monuments historiques, la réponse est non. «Le clocheton qui était encore là au XVIIe siècle et la flèche de Viollet-le-Duc sont les deux seules informations que nous avons. Dans un monument historique, on n'invente rien.»
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Viollet-le-Duc, qui a dessiné une flèche sortie de sa seule imagination, l'a quand même fait… «Certes mais Viollet-le-Duc connaissait son monument. Il y avait passé des années, il était imprégné de ça, pointe François Chatillon, architecte en chef des monuments historiques. Est-ce que les architectes d'aujourd'hui peuvent être dans cette attitude-là ?» La réponse est dans la question. Le spécialiste craint «une appropriation égotique» d'un monument dont la principale caractéristique est de n'être dû à personne. «La posture des architectes d'aujourd'hui est-elle compatible avec ce qu'est la cathédrale ? Personne n'est capable de dire si on pourrait avoir des réponses qui soient autre chose que des manifestations d'egos. A moins que l'auteur reste éternellement anonyme.» Là, il faudrait un miracle.