«La Pitié-Salpêtrière attaquée.» Il est 20 h 25 le 1er mai lorsque ce bandeau s'affiche pour la première fois sur BFM TV. La chaîne s'appuie alors sur les propos du ministre de l'Intérieur, qui vient de déclarer devant la presse : «Des gens ont attaqué un hôpital.» Ce récit médiatique, calqué sur les propos de Christophe Castaner, est rapidement alimenté par une autre voix : celle de la directrice de l'hôpital, qui raconte à France Inter une tentative d'intrusion au service de réanimation du même hôpital. «La discussion n'était pas possible, il y avait des gestes violents et menaçants.» Dans les matinales radio du lendemain, l'histoire racontée est la même. Et pour cause : dans la nuit, l'AFP avait envoyé une dépêche sur le sujet, attribuant cette «attaque» à plusieurs «dizaines de militants anticapitalistes d'ultragauche black bloc». L'agence de presse a depuis corrigé le tir et remplacé les militants anticapitalistes par de simples «manifestants». Mais trop tard : la plupart des médias avaient déjà repris l'info. Il faut attendre la fin de matinée, jeudi, pour voir apparaître un nouveau récit, contredisant petit à petit le premier. D'abord les témoignages, sur BFM TV, de membres du personnel, dont un interne, affirmant que «l'équipe n'était pas du tout choquée». Puis cette fameuse vidéo tournée depuis l'intérieur du bloc de réanimation, postée sur Facebook par un employé de l'hôpital, infirmant définitivement la version alarmiste tenue par l'exécutif et relayée par certains médias.
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