De Charybde en Scylla. Les vols d'une durée de moins de trois heures deviennent un sujet de plus en plus préoccupant pour Air France. Selon un document interne et confidentiel consulté par Libération, la compagnie nationale a perdu, en 2018, 442 millions d'euros sur son activité court et moyen-courrier. Soit 201 millions de plus qu'en 2017. Confronté à un marché sur lequel le déficit a plus que doublé, la direction a visiblement choisi la chirurgie lourde.
465 postes devraient ainsi être supprimés dans le cadre d'un plan de départs volontaires. Ce sont surtout les bases régionales d'Air France qui vont enregistrer les baisses d'effectifs les plus notables. Toujours d'après le même document, en Corse, les escales de Bastia et d'Ajaccio devraient perdre 104 postes. Voire plus, si Air France qui assure des liaisons subventionnées par la collectivité de Corse ne voyait pas toutes ses lignes renouvelées. Or l'appel d'offres a lieu en ce moment même. La base de Marseille pourrait, elle, perdre 63 emplois et celle de Nice, 39. Toutes ces villes sont celles qui sont le plus durement attaquées par la concurrence des compagnies low-cost. Easyjet, Ryanair et Volotea, après avoir pris pied sur des lignes à forte fréquentation, commencent en effet à s'installer sur des liaisons radiales (la desserte de deux villes sans passer par Paris). Face à ces transporteurs dont les prix de revient et donc les tarifs sont bien moins élevés, Air France va donc être obligé de réduire sérieusement la voilure.
Dans les vingt-quatre mois qui viennent, les vols au départ et à l'arrivée de Toulouse seront en baisse de 9%, ceux de Lyon de 18% et la desserte de Strasbourg et de Mulhouse sera carrément divisée par deux (-50 et -53%). L'ensemble de ces mesures sera présenté lors d'un comité social et économique central (CSEC) programmé le 13 mai. Ce devrait être la première épreuve de vérité sociale pour le PDG d'Air France-KLM, Benjamin Smith, nommé il y a neuf mois. Il avait réussi à pacifier la compagnie, dès son arrivée, en accordant des augmentations de salaire à toutes les catégories de personnel. Son état de grâce durera-t-il au-delà de l'annonce de ce plan de départs ?