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«Océan», autoportrait intime et engagé sur la transition de genre

Dans une web-série en dix épisodes, l'humoriste, anciennement Océanerosemarie, raconte sans ambages les étapes qui ont jalonné son année de transition.
(Capture d'écran FranceTV Slash)
publié le 9 mai 2019 à 15h26

C'est son histoire, et celle de tant d'autres. Celle d'un homme né dans un corps de femme, et qui, la quarantaine arrivée, entame une transition de genre pour vivre plus apaisé, en accord avec lui-même. Ainsi donc, le 17 mai 2018, journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie, l'humoriste Océan faisait son coming out trans et demandait qu'on ne l'appelle plus Océanerosemarie, son précédent nom de scène, expliquant avoir choisi de retirer le «e» qui féminisait jusqu'alors son prénom de naissance, Océane. «Je vis ma transition comme un continuum, pas une rupture, je ne coupe pas avec mon passé parce que j'ai l'impression d'avancer vers moi, de me diriger vers, d'évoluer», expliquait-il alors. Cette évolution, Océan a choisi de la raconter en images, à travers une web-série mise en ligne en début de semaine sur FranceTV Slash.

En seulement dix épisodes de dix minutes, Océan parvient à transmettre les émotions qui ont jalonné son année de transition, mais aussi celles de ses proches. Le premier épisode s'ouvre d'ailleurs sur le discours émouvant qu'il leur a adressé en mars 2018. «Je suis épuisé d'être une femme», leur dit-il notamment. Au travers des mots qu'il emploie et des sentiments dont il fait part à son entourage, transparaissent des notions aux vertus presque pédagogiques. L'une de ses amies, qui lui prodigue sa première injection de testostérone, clope à la main et sourire aux lèvres, n'a de cesse de se féliciter d'avoir découvert le mot «mégenrer». Pourtant, la souriante jeune femme exprime aussi ses difficultés, parfois, à évoquer son ami au masculin. Celle pour qui cela semble le plus compliqué est sans conteste la mère d'Océan. Leurs discussions, tour à tour philosophiques ou très concrètes, jalonnent la série et en sont sans doute les moments les plus poignants, en particulier lorsque tous deux s'interrogent sur l'évolution de leur relation. «Tu ne seras pas mon fils», observe la mère. Et Océan de répondre : «Je serai quoi alors ? Ton trans ?»

C’est aussi l’histoire d’un corps qu’Océan façonne, au rythme de rendez-vous avec son coach sportif, son orthophoniste, son phoniatre, ou encore le chirurgien qui procède à sa mastectomie. Comme bien des personnes trans, il traverse des périodes difficiles, en particulier pour faire changer son état civil, processus qui demeure un parcours du combattant et s’achève toujours par une décision de justice, malgré une avancée législative en avril 2016. Vie familiale, amoureuse, amicale ou professionnelle, jusqu’aux remarques transphobes dont il est la cible : Océan ne cache rien, ou si peu, des différents aspects de sa nouvelle vie, et parvient à tricoter un subtil équilibre entre récit intime et discours militant.