Pour le plus grand plaisir du gouvernement, soucieux de voir les entités de l'audiovisuel public travailler ensemble, France Bleu et France 3 vont approfondir leur compagnonnage. Les directions de Radio France et France Télévisions ont décidé de rapprocher les deux antennes sur un créneau stratégique : la diffusion des matinales locales de France Bleu sur France 3 va être généralisée. Ce dispositif est expérimenté depuis quelques mois à Nice (voir ci-dessous l'édition de ce vendredi) et Toulouse. Et «le premier bilan est bon», explique-t-on à Radio France. Même si, visuellement, le rendu est plutôt rudimentaire, s'apparentant à de la radio filmée entrecoupée de belles images survolées des paysages du coin…
Cela signifie que les matinales des 44 stations de France Bleu (de 7 heures à 8h40), avec leurs informations et programmes locaux, seront filmées pour être retransmises en direct sur France 3, en fonction de l’implantation géographique du téléspectateur. Ainsi, un habitant de Quimper aura accès sur son écran à la matinale de France Bleu Breizh Izel tandis qu’un habitant de Rennes pourra voir celle de France Bleu Armorique. Ce grand chantier de déploiement doit se terminer en 2022 et commencera à Guéret par France Bleu Creuse, la plus petite station du réseau régional de Radio France. La responsabilité éditoriale du contenu revient à Radio France.
Un surcoût de 9 millions d’euros payé par France Télévisions
«C'est un bénéfice évident pour France Bleu en termes de communication. D'autant que la matinale est le prime time de la radio», se réjouit-on dans l'entourage de Sibyle Veil, la présidente de Radio France. Contrairement à d'autres stations de l'entreprise publique, France Bleu n'est pas sur une pente ascendante. Dans la dernière vague Médiamétrie, elle affichait une audience cumulée de 6,4% (3,5 millions d'auditeurs quotidiens), en baisse de 0,7 point sur un an. «Avec cet accord, nous allons équiper tous nos studios de caméras, ajoute la même source. On pourra filmer tout ce qui s'y passe, même en dehors de la matinale. Ce qui permettra de viraliser nos contenus sur Facebook notamment. C'est essentiel aujourd'hui pour toucher les publics.»
Une autre raison de se féliciter pour Radio France : c'est France Télévisions qui régale. Ce rapprochement suppose l'achat de moyens techniques, la formation de personnels et le lancement de quelques travaux dans les stations de France Bleu. Un surcoût estimé à environ 9 millions d'euros (200 000 euros par station locale) par France Télévisions, que la télé publique dirigée par Delphine Ernotte va prendre en charge. Cette dernière y gagne néanmoins, puisqu'elle se retrouve, pour France 3, avec plus d'une heure et demie de programmes produite gratuitement par Radio France. «Neuf millions d'euros, ce n'est pas cher», commente-t-on au sein de France Télévisions. La chose n'est pas anecdotique pour l'entreprise publique, qui supporte l'essentiel de la diète imposée à l'audiovisuel public par le gouvernement. Par ailleurs, l'exécutif lui a demandé de régionaliser l'antenne de France 3, en faisant passer le volume de programmes locaux de deux à six heures par jour. Une partie du chemin est ainsi faite, à moindre coût.