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Libération

2018, année noire pour les personnes LGBT

LGBT +dossier
publié le 14 mai 2019 à 20h26

D'emblée, le diagnostic est clair : 2018 a été une «année noire pour les personnes LGBT». Mardi, l'association SOS Homophobie a livré son rapport annuel. Et une fois de plus, il est alarmant. Cet état des lieux permet à nouveau de prendre la mesure de l'ampleur de la haine dont sont victimes les lesbiennes, les gays et les trans, en France. En 2018, et pour la troisième année d'affilée, le nombre de témoignages reçus (1 905) est en hausse. Sauf que cette fois, il bondit de 15 % par rapport à l'année précédente. A titre de comparaison, en 2017, le nombre d'actes LGBTphobes signalés avait augmenté de 4,8 %. Dans plus de la moitié des cas (54 %), les faits évoqués se produisent dans la vie quotidienne, que ce soit dans des lieux publics (12 % des cas), au travail (11 %), ou encore dans des commerces (6 %). Sur Internet aussi, la haine fait son nid : 23 % des cas de LGBTphobies relatés se sont produits en ligne.

Dans la vraie vie, la haine prend d'inquiétantes proportions, puisqu'une nouvelle fois, SOS Homophobie alerte sur la «hausse alarmante des agressions physiques» : 231 attaques sont à déplorer en 2018, soit une explosion de 66 % par rapport à l'année précédente. L'association relate avoir reçu jusqu'à un témoignage d'agression physique par jour au cours du dernier trimestre de 2018. La parole des victimes semble s'être libérée, y compris sur les réseaux sociaux, où ont afflué les témoignages, bien souvent accompagnés de photos de visages tuméfiés.

Les personnes trans semblent les plus touchées : 19 % d'entre elles ont été la cible de coups, à l'image des faits récemment dénoncés par Julia, insultée et frappée à Paris, début avril. Le nombre d'actes lesbophobes a quant à lui carrément bondi de 42 % entre 2017 et 2018, passant de 257 faits dénoncés à 365. C'est par exemple l'histoire d'Elise et de sa compagne, qui se sont vu invectivées alors qu'elles déjeunaient dans un restaurant parisien. «Les lesbiennes n'ont pas le droit d'être ici», a lancé leur agresseur, avant de frapper l'une d'elles au visage. Les agresseurs sont majoritairement des hommes, selon l'association, qui observe que les lesbiennes sont injuriées, mais aussi souvent agonies d'avances sexuelles, voire de menaces de viol. La gayphobie et la transphobie ne sont pas en reste, en hausse de 10 % et 13 %. Ce que les victimes dénoncent le plus ? Le rejet et l'ignorance, qui frappent plus particulièrement les personnes bisexuelles (92 % d'entre elles), et 85 % des trans disent aussi se sentir rejetés.

Pour SOS Homophobie, ces chiffres attestent d'une «persistance de la haine» mais aussi d'une volonté chez les victimes de ne plus la laisser passer. «Les victimes ne se cachent plus et la honte change peu à peu de camp», écrivent les auteurs.