Claire Nouvian est d'une espèce nouvelle, très rare en politique. Pas le genre à se confier en off à des journalistes ni à faire semblant d'être heureuse si une situation l'agace. Son humeur se lit sur son visage. Au moindre désaccord, elle est capable d'envoyer bouler tous ceux qui se présentent sur son chemin. De nombreux téléspectateurs et internautes l'ont d'ailleurs constaté quand, invitée dans l'émission l'Heure des pros, le 6 mai sur CNews, la cofondatrice de Place publique a affronté Pascal Praud et l'éditorialiste Elisabeth Lévy sur le sujet du climat.
Dans la foulée, la fondatrice de l'ONG Bloom a qualifié l'émission, qui met en scène des débats polémiques, de «guet-apens climatosceptique», reçu de nombreux messages de soutien, et lancé un hashtag sur les réseaux sociaux : #JeSuisFolleDeRage. Un buzz qu'elle a étiré en longueur afin de faire le maximum de boucan : affaire rondement menée.
Rôle majeur
Au début de son histoire, Claire Nouvian n'avait pas vocation à se lancer en politique. Elle s'est laissée convaincre par Raphaël Glucksmann de fonder (avec d'autres) Place publique pour rassembler toute la gauche. Un pari raté : la petite bande s'est divisée, Glucksmann et Nouvian ont décidé de partir au front avec le PS. En mars, quelques heures avant que l'accord avec les socialistes ne soit officiel, l'écologiste déclarait : «Je ne souhaite pas être en position éligible sur la liste [elle occupe l'avant-dernière place, ndlr]. Je ne me suis pas engagée en politique pour avoir un poste.» Depuis, Claire Nouvian s'est prise au jeu. Et compte jouer un rôle majeur lors des prochaines élections municipales à Paris, en compagnie d'Anne Hidalgo. Il se murmure qu'elle se verrait bien première adjointe…
Derrière son aisance en public et sa bonne connaissance des dossiers écolos, la novice en politique ne cache pas ses doutes. «Lors des meetings, elle panique avant de monter sur scène. Parfois, elle refuse d'y aller car elle craint de se rater. A chaque fois, elle a besoin de se rassurer, raconte l'un des fondateurs de Place publique. Une fois sur scène, c'est la meilleure, et quand elle redescend, Claire dit à tout le monde qu'elle s'est trouvée nulle…» Elle se pose des milliers de questions qui l'empêchent de dormir… mais pas d'avancer.
«Toujours raison»
Au sein de la campagne de Place publique, tout le monde a un avis sur Nouvian. Elle clive. Beaucoup la dessinent en superstar. C'est le cas de Raphaël Glucksmann, qui dit souvent : «Je me sens en sécurité à chaque fois que Claire est à mes côtés, je sais qu'elle me dira toujours ce qu'elle pense, qu'elle ne fera pas semblant.»
D'autres mettent en avant un personnage différent. «C'est dur de parler ou de débattre avec elle, lâche un bénévole. Soit tu es d'accord et tout se passe bien, soit tu n'es pas d'accord et elle est capable de te casser en deux. Le compromis n'existe pas chez Claire Nouvian. Sachant qu'elle a toujours raison…» Du coup, de nombreuses personnes de la campagne évitent d'échanger avec elle, de crainte de se prendre une «tempête».
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Quant aux socialistes, ils la découvrent chaque jour un peu plus. Ils sont heureux de l'avoir avec eux. «C'était quand la dernière nouveauté au PS ? interroge un élu, qui met de côté le caractère de la cofondatrice de Place publique. On ronronnait au parti et parfois, elle nous réveille, même si ça peut être difficile à gérer en interne. Mais ce n'est pas le plus important.» D'ailleurs, après sa baston sur CNews, une tripotée d'élus PS sont venus à son secours. L'ancien premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis s'est enflammé sur Twitter : «J'adore Claire Nouvian, c'est la révélation de la campagne des européennes.» Une élue locale (un peu) de cet avis : «Elle a un côté grande bourgeoise qui ne connaît pas les codes et qui s'énerve à chaque désaccord. C'est à la fois très drôle et très déstabilisant pour la personne en face d'elle.»