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Libération

À Bordeaux, avec les militants Les Républicains «mon vote sera une manière de participer à la reconstruction de la droite»

par Eva Fonteneau, Correspondante à Bordeaux
publié le 24 mai 2019 à 20h56

A Bordeaux, fief juppéiste, les européennes ont fourni une occasion en or au parti Les Républicains de reconquérir les électeurs de droite. Non sans difficulté. Maryse, 64 ans, retraitée n'a «toujours pas oublié le désaveu d'Alain Juppé pour son ancien parti à la fin de son mandat. Il n'était plus en phase avec les choix politiques de Laurent Wauquiez. Je le trouve moi-même trop conservateur, voire rétrograde. L'arrivée de François-Xavier Bellamy, la belle et nouvelle façade de LR, ne change rien. La ligne rouge a été franchie. Alors cette fois-ci, je pense que je vais passer mon chemin pour la première fois». A 48 ans, Alain a toujours voté UMP puis LR et il préfère ne pas fermer de porte : «La droite est encore très instable politiquement, mais l'arrivée de Bellamy redonne un souffle nouveau. Nous avons besoin de retrouver un semblant d'unité, les enjeux sont trop importants pour nous laisser bouffer par des querelles internes. Même si le philosophe ne coche pas toutes les cases, mon vote sera une manière de participer à la reconstruction de la droite.»

Un combat loin d'être gagné vu les intentions de vote faibles pour LR. Mais si l'on en croit Marc Muret, secrétaire départemental LR en Gironde, «il y a tout de même une lueur d'espoir». Au terme de la campagne, il parle d'un «puissant effet Bellamy». Parmi les atouts plébiscités, «une fraîcheur et un enthousiasme qui dénotent avec ce à quoi on était habitués jusque-là». Un signe ne trompe pas selon Marc Muret : «Les militants LR ont parfois manqué de tracts sur les marchés.» Dimanche, il aimerait que sa formation franchisse la barre des 15 % mais «il faut rester prudent, nous sommes toujours des convalescents». En deux ans, sa fédération a perdu plus de 40 % de ses militants. Pour Baudouin Fournier, 24 ans, délégué LR de la dixième circonscription girondine, «il reste encore beaucoup d'irréductibles dans le département». Ses troupes ont été remotivées par le discours «rassembleur de Bellamy» qui a su montrer que le parti «était prêt à changer un peu et se recentrer sur les valeurs historiques de la droite. Et puis, il n'est pas dans la petite phrase et ça, ça plaît énormément». Le scrutin européen passé, le travail reste énorme pour convaincre les gens de voter à droite pour la droite. «On entend encore beaucoup trop de gens nous expliquer qu'ils iront voter LR contre un autre candidat. Ce sont des électeurs en plus pour nous, mais c'est dommage», déplore Baudouin Fournier.