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Libération
Reportage

A Nice, avec les militants LREM : «Ça bruisse dans le mauvais sens en Europe»

par Mathilde Frénois, Correspondante à Nice
publié le 24 mai 2019 à 20h56

«C'est le FN qui tracte ?» Quand Franco tend son flyer tricolore dans le centre-ville de Nice, cette réflexion n'est jamais bien loin de ses oreilles. Mais approcher ce militant, c'est s'apercevoir que le mot «Renaissance» barre le bout de papier. «Les gens ont un peu de mal à prendre les tracts, regrette-t-il. Mais je ne cache pas mon jeu. Je le dis de suite : c'est le parti de notre président de la République.» Franco s'est positionné sur l'avenue Jean-Médecin, l'axe le plus fréquenté de Nice. Engagé pour En marche depuis 2017, il met du cœur à l'ouvrage dans cette campagne européenne. «Je suis né pendant la guerre. Surtout, je suis né italien et je suis devenu français par plébiscite dans mon village de La Brigue [à l'est des Alpes-Maritimes, ndlr]. J'ai connu les frontières, raconte-t-il à qui veut bien écouter ses arguments. L'Europe doit être unie et forte. Et on a besoin d'élus costauds pour faire quelque chose pour la France.» C'est là que Franco trouve un bémol à la candidature d'En marche : il a «un peu de mal avec Nathalie Loiseau». Mais le Niçois continue tant bien que mal à enchaîner les arguments, n'en déplaise à certains passants : «Ceux qui commencent à débiter en prenant mon tract n'ont que de mauvaises paroles, estime-t-il. Ce sont souvent des électeurs de Le Pen qui ne me parlent que d'immigration. Moi, je ne me démonte pas.»

Après plusieurs semaines de terrain, les militants niçois ne veulent pas réduire leur campagne à une simple opposition au RN, alors qu'«on présente cette élection comme un duel», souligne l'animatrice du comité local En marche Nice Prom, Maya. C'est elle qui a rassemblé cinq militants sous les arcades de l'avenue Jean-Médecin. «Il n'y a pas que nous. Et il n'y a pas qu'eux, dit cette cheffe d'entreprise. Je suis optimiste mais je reste vigilante : il faut dépasser ce duel et aller sur le terrain des idées.» Des idées que les passants ont du mal à entendre. Alors Maya insiste sur «le positif», notamment «le pouvoir d'achat qui va augmenter». «Ce qui fait peur, c'est que le populisme fédère partout en Europe, coupe Bruno, un autre militant venu se mettre à l'abri. Ça bruisse dans le mauvais sens en Europe.» A entendre leur discours, les marcheurs ont deux adversaires : l'extrême droite et l'abstention. «Je distribue un tract sur cinq, compte Philippe. C'est dommage car les gens ne s'intéressent pas à l'histoire de l'Europe ni à son fonctionnement. Pourtant, comme c'est un scrutin à la proportionnelle, chaque voix compte.»