Menu
Libération
Reportage

Quand Strasbourg replonge dans l’Ill

Article réservé aux abonnés
«Libé» s’est glissé parmi les 400 participants à la troisième édition de l’Open Swim Stars dans la capitale alsacienne. Objectif : renouer avec la baignade urbaine, loisir délaissé pour cause de pollution.
Les participants ont le privilège de voir les ponts par-dessous, une balade en Batorama sans bateau. (Photo Pascal Bastien. Divergence)
publié le 24 mai 2019 à 19h26

Gagner le Parlement européen à la nage : l’invitation était trop belle. Sauf que ce dimanche matin, il fait moche. Une file de capuches se forme devant les tonnelles dressées en contrebas de la cathédrale de Strasbourg. Il faut récupérer son bonnet de bain, version aquatique du dossard, pour disputer la course de 2,6 km dans l’Ill. Là, mêlés aux premiers, aux plus motivés, on se sent petits bras, on se sent frileux, pieds nus sur les pavés glacés.

L’eau de la rivière est à 15 °C. Et ici, on s’en réjouit sincèrement : elle a miraculeusement gagné 5 degrés en une semaine. A moins de 16 °C, la combinaison thermique est obligatoire. Quelques nageurs belges à cheveux blancs signent des décharges pour y aller en maillot. L’eau froide, c’est leur spécialité. Sinon, direction le stand de location. Les cirés tombent un à un. Sur le trottoir, les corps dénudés prennent des suées à force de se contorsionner. Les uns aident les autres, les tirent, les soulèvent tout entiers pour faire rentrer, centimètre par centimètre, toute cette chair de poule humide dans le néoprène ultramoulant, pour parvenir à fermer la tirette dorsale. Il n’y a pas de petite victoire.

Gros ragondins

Bientôt, 400 corps gainés, galbés, bien droits, se massent aux abords du ponton. Drôle de spectacle que cette marée de super-héros (dont moins d’un tiers de femmes), faisant des grands cercles avec les bras, glamours jusqu’au cou, jusqu’au bonnet et lunettes de natation.

La veille, le quai d