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Santé

Hôpital : les urgences entre surchauffe et abattement

Hôpital Purpan à Toulouse, en 2011. (PASCAL PAVANI/Photo Pascal Pavani. AFP)
publié le 27 mai 2019 à 20h36

Nos hôpitaux - par le biais des entrées des urgences - seraient-ils à deux doigts d'exploser ? «On est à bout, jamais je n'ai connu cela. Les services craquent, c'est la saturation, on a atteint un point de rupture.» L'analyse du docteur François Braun, président chez Samu-Urgences de France et chef de service au CHU de Metz, est sans équivoque. Voilà pourquoi il appelle tous les services d'urgence de France à s'arrêter une demi-heure ce mardi.

Bizarrement, il y a fort à parier qu'il ne se passe rien de très particulier au cours de la journée. Juste des rassemblements dans quelques hôpitaux, mais rien d'autre. La vie hospitalière va ainsi se poursuivre, entre abattement et annonces d'embrasement. «Le climat est insaisissable. Il y a un fort décalage entre les analyses catastrophistes des médias et la fatalité du terrain», lâche un directeur de CHU, plutôt à l'écoute du climat ambiant.

Ce week-end, s’est tenue une réunion de quelque 200 personnels des urgences hospitalières de 33 villes. C’était une première depuis le début, mi-mars, du mouvement de grève qui touche à présent 65 services en France, selon le collectif «Inter-Urgences». Pour la CGT, le mouvement est solide. Il prend. Il s’étend même. D’autres en doutent. Et notent que vendredi, la grève à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris a été massivement… non suivie : moins de 1 % du personnel, selon la direction de l’AP-HP.

Qu'en déduire ? Serait-ce une grève à bas bruits, comme la qualifient certains observateurs ? Des mouvements sporadiques avaient déjà éclaté dans de nombreux services en 2018 et début 2019 comme à Strasbourg ou Lille, mais sans réussir à fédérer. Un feu qui s'éteint là, mais ailleurs, le terrain reste particulièrement inflammable. «Les services d'urgences ne connaissent plus de répit, insiste le Dr Braun. Tous, même ceux des grands CHU, sont à deux doigts de flancher. Et devant ce contexte, le gouvernement a traîné.»

On en est là, enfermé dans un moment complexe qui semble échapper à tous les acteurs. «C'est un mouvement de fond», insiste Christophe Prudhomme, responsable CGT Urgences. D'autres se rassurent, en notant que la plateforme Parcoursup facilite l'accès aux écoles d'infirmiers, qui ne devraient pas manquer de candidats l'année prochaine. En espérant bien sûr que, d'ici là, un vent mauvais ne vienne tout désorganiser.