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CDG Express : le train de l'aéroport va rater les Jeux olympiques

Après la remise du rapport du préfet d'Ile-de-France sur les besoins de travaux du faisceau ferroviaire nord, Elisabeth Borne, ministre des Transports, a annoncé que la mise en service de la nouvelle ligne attendrait 2025.
publié le 29 mai 2019 à 18h20

C'était un choix politique par excellence. Fallait-il privilégier la promesse faite aux organisateurs des JO de 2024 d'avoir, à cette date, une liaison directe vers l'aéroport Charles-de-Gaulle ? Ou bien faire passer en premier les besoins des usagers quotidiens des lignes existantes ? Ce mercredi, la ministre des Transports Elisabeth Borne a annoncé que le gouvernement avait décidé de repousser la mise en service du CDG Express à fin 2025. Préserver la vie quotidienne déjà bien malmenée des utilisateurs des transports collectifs était «une ligne rouge», selon l'expression de la ministre, que le gouvernement se disait déterminé à ne pas franchir.

Pour prendre cette décision, le gouvernement s'est appuyé sur le rapport qu'il avait demandé au préfet de la région Ile-de-France, Michel Cadot. Cette mission a recensé la totalité des travaux impensables sur la partie nord du réseau ferroviaire et dressé différents scénarios de calendrier, avec des fermetures de ligne plus ou moins longues et fréquentes. Le préfet a en particulier mesuré l'impact des travaux du CDG Express sur le fonctionnement du RER B, déjà peu brillant.

Son rapport, remis le 18 avril, «conclut à l'extrême difficulté à conduire l'ensemble des travaux dans leur programmation actuelle, c'est-à-dire décembre 2023». Le préfet propose deux scénarios : respecter l'échéance des JO de 2024 pour le CDG Express, quitte à impacter les déplacements du quotidien ; ou à l'inverse, préserver ces derniers. Et au passage, réduire un peu les problèmes de SNCF Réseau qui a de considérables chantiers à mener.

Le gouvernement a donc choisi de remettre CDG Express à fin 2025 et Elisabeth Borne a rappelé que cette solution était celle que souhaitaient la Ville de Paris et la région mais aussi les conseils départementaux, «notamment la Seine-Saint-Denis et le Val-d'Oise», l'agglomération Plaine Commune et les entreprises ferroviaires. «Nous avons fait primer l'intérêt des voyageurs durant cette période de chantiers», a dit la ministre, ajoutant : «La priorité aux transports du quotidien, ça n'est pas un slogan.»

Pour les adversaires de ce projet, la décision gouvernementale est une demi-victoire. Certes, le train de l'aéroport attendra deux ans. Mais ce délai «permettra d'assurer la réalisation de cette liaison indispensable», a également dit la ministre, réalisation décidée «une fois pour toutes». Pour répondre quand même aux engagements pris pour la période des Jeux olympiques, le gouvernement a demandé à la SNCF et à Ile-de-France Mobilités de mettre en place un «service spécifique direct entre CDG et Paris sur le RER B». Si cette solution se révélait efficace au vu du trafic réel vers l'aéroport, ce serait quand même farce.