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Libération
Récit

Refondation de la droite : Larcher à marche forcée

Le patron des sénateurs LR organise une réunion de leaders de la droite et du centre pour juin, sans demander son avis à Laurent Wauquiez.
Le président du Sénat Gérard Larcher à Paris, le 14 juillet 2018. (Photo Ludovic MARIN. AFP)
publié le 29 mai 2019 à 19h37

Les membres de la Haute Assemblée ne vont pas toujours à un train de sénateurs. Et surtout pas leur président, Gérard Larcher. Le surlendemain des élections européennes, il lançait sur France Info, sa démarche pour rassembler la droite et le centre hors des seules frontières de LR. Dans la foulée, il a envoyé mardi une lettre aux présidents des groupes parlementaires, aux représentants de la droite, du centre et des indépendants, mais aussi aux présidents des trois grandes associations d'élus territoriaux, de droite, pour les inviter à se retrouver le 4 juin à Paris. «Le résultat de cette élection impose une remise en question profonde de notre  projet, de notre ligne politique. Le statu quo ne peut être une réponse. Nous ne pouvons assister, spectateurs, à la désintégration de la droite et du centre qui seuls peuvent représenter une alternance crédible», écrit le président du Sénat.

Une initiative qui a eu pour effet de corneriser Laurent Wauquiez, contraint de regarder passer les trains. Lors de la réunion du bureau politique exceptionnel, lundi, auquel ni Gérard Larcher, ni Bruno Retailleau, le patron du groupe LR au Sénat, n’ont participé, le président du parti avait annoncé la tenue d’états généraux à la rentrée. Une perspective beaucoup trop lointaine pour bon nombre d’élus et de responsables de LR, alors que les municipales se tiendront en mars.

S'il prône un large rassemblement, Gérard Larcher souhaite que ce chantier de la reconstruction passe «par la base et les territoires». «C'est du local que devra être repensé le national si nous voulons retrouver le lien avec cette France qui a aujourd'hui le sentiment d'être oubliée», poursuit le président du Sénat. Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France, en congé du parti, a répondu positivement à cette invitation. Tout comme les autres présidents de région Valérie Pécresse (Ile-de-France), Renaud Muselier (Paca), et Christelle Morançais (Pays-de-Loire). Larcher pourra compter également sur la présence de Christian Jacob, le chef de file des députés LR, pas vraiment en pointe pour mettre la pression sur Wauquiez, de Bruno Retailleau, d'Hervé Marseille, le président du groupe Union centriste au Sénat, ainsi que sur celle de Philippe Vigier, un proche d'Hervé Morin à la tête du groupe Libertés et territoires au Palais-Bourbon.

Seul Jean-Christophe Lagarde, le président de l'UDI, a décliné l'invitation. «La crise de la droite, son problème de leadership, son problème de crise politique, n'est ni mon problème ni mon sujet ni dans mon agenda», a-t-il déclaré. Laurent Wauquiez, qui pouvait difficilement se défiler, sera bien présent à ce qui risque fort de se transformer pour lui en tribunal politique. Déjà, le patron de LR semble avoir totalement perdu la main.

Dernière initiative en date, celle de Guillaume Peltier, député du Loir-et-Cher, qui entend rassembler derrière lui les élus de la jeune génération, rescapés de la défaite de 2017. «Depuis plusieurs années, nous sommes devenus un petit parti conservateur, cantonné à la rigueur budgétaire et au rigorisme moral. Il est temps de tout changer, d'engager une révolution», estime l'élu longtemps adepte, quand il était au MPF, de «la droite des valeurs» chère à Laurent Wauquiez. «Nous souhaitons qu'à l'automne ait lieu une forme de congrès d'Epinay de la droite», réclame le jeune député, partisan d'un «retour de la droite du travail et pas celle de la baisse de la dépense publique». Pour, lui LR doit devenir «le parti de la laïcité et pas celui d'un communautarisme chrétien et le grand parti des provinces». Ne reste plus qu'à savoir qui, comme au congrès d'Epinay qui avait donné naissance au Parti socialiste, sera capable de faire une synthèse rassemblant, à l'ancienne, la droite et le centre.