«Lundi sera ma première fois. Je n’ai jamais fait grève de ma vie, ni participé à une manifestation. Je n’ai jamais cru à l’efficacité de ce mode d’action, qui gêne plus les usagers que le gouvernement. Peut-être aussi parce que je n’ai pas une culture militante, ça joue aussi. Mais cette fois, c’est différent. Je pense que ce mouvement peut avoir un impact. Je me dis que je peux être utile en le suivant.
«C’est la première fois qu’un tel appel, si large, est lancé pour le jour du bac. C’est médiatisé, on parle enfin de nos revendications. Autour de moi, mon entourage est étonné que je participe. Bien sûr, certaines personnes ne comprennent pas que je puisse faire grève. Comme les urgentistes la semaine dernière, à qui l’on reproche d’être irresponsables en faisant payer leur mobilisation aux patients. On peut entendre le même raisonnement pour nous, professeurs. Pour ma part, je n’ai pas le sentiment de pénaliser mes élèves. L’essentiel de leur avenir se joue sur Parcoursup, et non sur le bac en lui-même. L’examen a surtout une puissance symbolique aujourd’hui.
«Et puis, imaginons qu’il y ait des perturbations empêchant les épreuves de se tenir. Le ministère ne va pas pour autant priver les élèves de leur diplôme. Au pire, ils recevront une autre convocation. Les élèves ne sont pas plus stressés que cela. Ils comprennent notre mouvement, d’ailleurs le syndicat lycéen UNL nous soutient. Ils partagent nos revendications, nombreuses. Pour moi, le plus grave, c’est le système du contrôle continu qu’ils veulent mettre en place l’an prochain. Cela va encore plus affaiblir le bac, il va perdre de sa valeur, ce ne sera plus un examen national. On a beau le répéter, cela ne change rien. Ce gouvernement, quoi qu’il se passe dans la rue, n’écoute pas. Ce qui nous pousse à en arriver à ces extrémités-là ! Qui d’entre nous aurait imaginé qu’on en arrive à faire grève ? Et qu’autant de syndicats suivent le mouvement ? Personne.»