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Billets violets

Nicolas Sarkozy, adepte du billet de 500 euros

Le Parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire visant l'ex-président de la République, mais qui depuis «s'embourbe» selon «Mediapart» qui a dévoilé l'information.
Nicolas Sarkozy à Paris, le 21 mars. (Photo Charles Platiau. Reuters)
publié le 14 juin 2019 à 17h34

Acharnement ? Le Parquet national financier (PNF) a ouvert depuis fin 2017 une énième enquête préliminaire visant Nicolas Sarkozy, déjà cerné par les procédures pénales. L'info, dévoilée initialement par Mediapart, a été confirmée jeudi par l'AFP. Ce n'est pas l'affaire du siècle, loin de là, mais une simple excroissance des diverses procédures pénales visant l'ex-président de la République – sans la moindre condamnation à ce jour.

En marge de l'enquête sur un éventuel financement libyen de sa campagne présidentielle en 2007, sans résultat pénalement tangible à ce stade, les enquêteurs sont tombés sur un dépôt de 4 000 euros auprès d'un antiquaire parisien, en vue d'acheter une statuette chinoise pour l'anniversaire de Michel Gaudin, ancien patron de la police nationale (DGPN), puis de la préfecture de Paris, avant de finir directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP. Sur ces 4 000 euros, découverts dans une enveloppe déposée aux bons soins de Nicolas Sarkozy, un chèque de 2 000 et quatre billets de 500. En matière de dissimulation, d'autres auront fait bien mieux.

Il est tentant de faire le parallèle avec Claude Guéant, autre ancien flic et homme à tout faire de la sarkozie, déjà condamné (deux ans de prison dont un ferme en 2017) pour sa sale manie de manipulation des espèces –  qu'il justifiait vaguement par d'anciennes primes d'enquêtes théoriquement réservées aux policiers. Rien de cela chez Sarko, du moins à ce stade de l'enquête : sa défense a déjà fait savoir qu'une de ses assistantes avait l'habitude de retirer mensuellement 2 000 euros (4x500) en liquide sur ses comptes bancaires. Vu ses émoluments, en tant qu'ex-président, avocat et conférencier au Moyen-Orient, les montants n'ont rien d'exorbitants. Comme le souligne benoîtement Mediapart, «l'enquête judiciaire s'embourbe» sur cette très particulière sous-affaire dans l'affaire.

Beaucoup de bruit pour rien ? Nicolas Sarkozy est parallèlement loin d'être tiré d'affaire. Il y a principalement le dossier Bygmalion, visant le financement de sa campagne 2012, avec doublement du plafond de dépenses électorales autorisées, le Conseil constitutionnel venant de valider son renvoi définitif devant un tribunal correctionnel. Accessoirement la sous-affaire Bismuth (du nom de son pseudo au téléphone en vue de grenouiller avec un haut magistrat), l'éventuel procès restant suspendu à une décision de la Cour de cassation mardi prochain. Et enfin l'affaire libyenne, la plus problématique au plan politique car suspectant la corruption par une puissance étrangère d'un candidat à l'Elysée, mais sans preuve indéniable à ce stade de la procédure. Gageons que le pataquès des billets de 500 euros finira aux oubliettes de la petite histoire politico-juridico-financière.