C'est non. Trois fois non. Les responsables du parti majoritaire l'ont martelé lundi sur tous les tons : comme prévu, le candidat macroniste à la mairie de Paris sera désigné le mois prochain. Pas question de céder aux quatre prétendants qui réclamaient ce week-end, dans le Journal du dimanche, un report à l'automne de la séance de la Commission nationale d'investiture (CNI) consacrée à la capitale. Au nom de l'attachement proclamé du mouvement En marche à la démocratie participative, les élus parisiens Cédric Villani, Mounir Mahjoubi, Hugues Renson et Anne Lebreton demandaient que la désignation du candidat LREM à la maire de Paris fasse l'objet d'une «consultation citoyenne». Archifavori dans cette compétition interne, l'ex-porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux leur oppose un refus catégorique. Depuis presque deux ans, il se prépare avec le soutien actif de la plupart des cadres parisiens du parti. Ce serait «pure folie» de reporter la décision à la rentrée, explique-t-il à Libération. «Pour les municipales de 2001, Bertrand Delanoë s'était lancé un an avant le scrutin. En 2014, Anne Hidalgo s'était déclarée deux ans avant. Et nous n'aurions, nous, que six mois pour nous mettre en ordre de bataille avec les 550 candidats qu'il nous faut réunir ?»
Le sénateur Alain Richard, coprésident de la CNI, critique sévèrement les quatre frondeurs qui, selon lui, mettent en cause «des règles sur lesquelles tout le monde s'était entendu». Dans le Parisien, il les accuse de jouer contre leur camp en offrant aux adversaires le spectacle d'une «campagne d'opposition». Fort du soutien unanime du bureau du parti, le chef de LREM, Stanislas Guerini, a rappelé lundi matin son opposition au système des primaires qui «affaiblit» les candidats en les poussant à «prendre les positions les plus extrêmes». Répliquant au procès en «verrouillage» instruit par les quatre signataires de la tribune, Guerini s'est fait presque menaçant : «Je le dis de façon ferme : je ne laisserai pas attaquer nos instances et notre CNI.»
La commission d'investiture du parti maintient donc son calendrier : convoqués le 9 juillet, les candidats auront quarante-cinq minutes pour présenter leur projet pour Paris. L'heureux élu sera probablement désigné dès le lendemain. «Quarante-cinq minutes ! C'est encore plus rapide que pour le recrutement d'un chef de bureau», ironise un proche de Cédric Villani. En campagne depuis plusieurs mois, le député mathématicien fait valoir que «la complexe recomposition post-européennes» et «l'offre politique mouvante» justifieraient un report de la décision de la CNI. Tout en se défendant de prôner une primaire, il maintient que la possibilité d'une «consultation des adhérents» est explicitement prévue dans les statuts de LREM.
Plutôt banale au fond, cette cacophonie autour des investitures rappelle les plus belles heures des partis traditionnels que Macron avait érigés en contre-modèles. A l'Elysée, on se garde de tout commentaire sur cette controverse. Le principal conseiller du chef de l'Etat, Philippe Grangeon, a reçu cet hiver en tête à tête tous les candidats à l'investiture dans la capitale. Ex-conseiller de Bertrand Delanoë et d'Anne Hidalgo, Grangeon dispose, en la matière, d'une expertise particulièrement riche. Devant ses interlocuteurs, il a vanté les vertus du «rassemblement» derrière celui qui finirait par s'imposer. Le problème, c'est que personne ne s'est imposé, pas plus Griveaux que ses concurrents. De sorte qu'avant de se lancer à la conquête de la capitale, le parti des marcheurs devra commencer par faire des mécontents.