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Libération
À la barre

La cagnotte en soutien au «boxeur gilet jaune» reste bloquée

La justice a débouté la demande en référé du couple Dettinger au sujet du versement des fonds. L'affaire sera jugée au fond le 9 décembre.
Christophe Dettinger le 20 février, à sa sortie de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. A gauche, son épouse, Karine. (Photo Geoffroy Van der Hasselt. AFP)
par Lohan Benaati
publié le 19 juin 2019 à 20h18

Leetchi peut-il continuer à bloquer les fonds d’une cagnotte en attendant le jugement de l’affaire au fond ? Oui, selon le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris, qui reconnaît l’existence d’un doute sur le bénéficiaire. Dans une décision rendue mercredi, la justice a débouté la demande du camp de Christophe Dettinger concernant le déblocage des 127 000 euros, correspondant au montant de la cagnotte créée le 6 janvier en son soutien. L’ancien boxeur professionnel est accusé d’avoir, la veille à Paris, frappé deux gendarmes en marge d’une manifestation des «gilets jaunes».

Une décision motivée par l'imprécision concernant le bénéficiaire de la collecte selon le juge, qui a estimé que celui-ci était Christophe et non son épouse Karine. Le nom du bénéficiaire initial de cette cagnotte ouverte par Nicolas Alves, un ami du couple, était «champion», avant que celui-ci ne soit changé en «Dettinger». «A l'évidence, le bénéficiaire de la cagnotte était donc Christophe Dettinger, même si son nom n'était pas officiellement dévoilé», a statué le tribunal. Le juge des référés a considéré qu'il existait bien une «contestation sérieuse» sur l'identification du bénéficiaire, et qu'il ne lui appartenait pas de statuer sur ce litige. «Les fonds vont rester chez Leetchi jusqu'à ce que la juridiction au fond statue sur le dossier et détermine qui est le bénéficiaire», a déclaré Martine Samuelian, l'une des avocates de la plateforme, dans des propos rapportés par le Figaro.

Contactée par Libération, l'avocate du couple Dettinger, Laurence Léger, ne comprend pas l'existence d'un doute sur l'identification du bénéficiaire. «Les magistrats ne veulent pas se mouiller, en fait. La justice ne donne raison à personne et renvoie l'affaire au fond. D'ici là, Leetchi garde les fonds sans droits ni titre, ce qui pose un réel problème», affirme-t-elle, tout en rappelant le contexte particulier de l'affaire, sur fond de convocation de plusieurs centaines de donateurs dans les locaux de la police judiciaire, alors qu'une plainte de 66 participants a été déposée pour «abus de confiance».

Concernant le changement de compte bancaire – l'organisateur avait envoyé le RIB de Karine Dettinger en lieu et place du compte joint des époux initialement désigné –, Laurence Léger soutient qu'il a été fait dans un souci de transparence. «Leetchi ne voulait pas que les fonds soient versés sur le compte joint, par peur qu'ils servent à régler les frais de justice. On a donc créé spécialement un compte au Crédit mutuel, propriétaire de Leetchi, afin qu'ils gardent un œil dessus. Les Dettinger n'ont rien à cacher. Ils sont mariés, leurs dépenses se font en commun. Que le bénéficiaire soit l'un ou l'autre, peu importe, car nous acceptons les deux solutions. Mais la justice n'a pas voulu trancher.» Elle le fera donc lors du procès au fond, qui aura lieu le 9 décembre. Karine Dettinger réclame, en plus du versement des fonds, trois millions d'euros à la plateforme, suite à la fermeture anticipée de la cagnotte au bout de deux jours.