Ils ont pour exigence de reconstruire le syndicalisme étudiant. Rien de moins. Ce week-end, une petite centaine de militants ont répondu présents à Bordeaux pour le congrès fondateur de la Fédération syndicale étudiante (FSE). Issus pour la plupart de la Tendance unité et action syndicale (Tuas), ces étudiants ont choisi de quitter l'Union nationale des étudiants de France (Unef) en mai pour cause de profond désaccord. «Le système démocratique y était verrouillé et nécrosé. Il n'y avait à mon sens plus aucune capacité de réforme en profondeur», assène Thibaud Moreau, fraîchement élu secrétaire général de la FSE.
L'étudiant en histoire à Limoges pointe notamment la priorité donnée aux élections au détriment des actions concrètes. Une critique balayée par Mélanie Luce, présidente de l'Unef, qui regrette cette scission, la première depuis la réunification du mouvement en 2001. La jeune femme estime que l'Unef se doit au contraire «d'utiliser tous les outils, la mobilisation comme les instances. C'est avec les deux qu'on se fait entendre» . Avec les autres militants, soucieux de repartir sur de nouvelles bases «plus saines», le secrétaire général planche sur le moyen d'établir un nouveau modèle syndical adapté aux réalités étudiantes et permettant de faire renouer le monde étudiant avec la lutte. «On n'a pas la prétention d'être demain sur tous les campus en claquant des doigts, mais on considère qu'il faut planifier sur le long terme la reconstruction du syndicalisme étudiant qui est en crise. Etablissement par établissement, on veut redévelopper la culture du syndicalisme qui s'est affaiblie dans les facs.» Et d'ajouter : «Pas question de faire du buzz ou de jouer sur le fait qu'on est nouveaux. Il nous faut convaincre progressivement par notre pratique, par notre lutte, par notre service aux étudiants.»
A 18 ans, Camille Gomes, étudiante en sciences politiques à Lille, a elle aussi choisi de rejoindre la FSE pour «connaître un cadre démocratique différent des autres associations» : «Qu'on soit jeunes militants ou anciens, chaque voix a ici de la valeur. Avant, j'avais la désagréable impression de parler dans le vide, que tous mes efforts étaient vains.» Parmi les thèmes portés dès la rentrée, trois problématiques : l'enseignement supérieur et la recherche, les oppressions systémiques et les aides sociales. «La question du retrait de la sélection à l'entrée de l'université sera mise en avant par exemple. C'est "le" symbole de l'échec cuisant qu'a connu ces dernières années le syndicalisme étudiant», soupire Camille Gomes. Le retrait de la hausse des frais d'inscription pour les étrangers sera également à l'ordre du jour.