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Droite

LR a son comité de renouvellement, pas encore du nouveau

Après la déroute des européennes, le parti Les Républicains donne de l'espace à ses rénovateurs avec un «comité de renouvellement» poussé par une bande de quadras emmenée par Aurélien Pradié. Reste à trouver une ligne politique viable.
Le député LR Aurélien Pradié, sur le balcon de la mairie de Labastide-Murat, dans le Lot, en 2017. (Photo Pascal Pavani. AFP)
publié le 26 juin 2019 à 19h05

A l'origine de la création du «comité de renouvellement» des Républicains, Aurélien Pradié, député du Lot, veut que cette structure serve «à faire respirer LR». Hier, la reconnaissance factuelle de ce petit groupe de quadras aux ambitions rénovatrices a été actée au sein du parti. Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée nationale et seul candidat déclaré pour la tête du parti de droite, leur a même donné sa bénédiction. Histoire de ne rien négliger quand on veut se faire élire. «Il est inscrit désormais de manière pérenne au sein de notre parti. Cet outil de respiration a désormais vocation à durer», se félicite Aurélien Pradié.

Les mauvais esprits y verront le signe que le parti de la droite républicaine est d'ores et déjà placé sous assistance respiratoire. Et qu'il n'est pas près d'en sortir. Quand, en plus, Jean Léonetti, président par intérim du parti et maire d'Antibes, est un spécialiste de la fin de vie, difficile de ne pas y lire un diagnostic inquiétant sur l'état du patient après la baffe des européennes, avec tout juste un peu plus de 8 % des voix. Alors qu'il était déjà affaibli par son double revers à la présidentielle et aux législatives de 2017. Il est des chocs dont on ne se remet pas. Et quand Jean Léonetti parle de «nécessaire renouvellement avec l'apparition de nouvelles têtes portant des idées neuves», difficile de pas penser à une transfusion sanguine. LR reste en soins intensifs.

Le groupe de jeunes députés et d'élus territoriaux a son idée sur la manière de soigner le patient. Avant même la démission de Laurent Wauquiez, ils appelaient à la mise en place de ce comité. Nouveauté au sein de LR, «ces rebelles apaisés», selon le mot de Jean Léonetti, bataillaient déjà pour cette reconnaissance interne. Assortie de moyens financiers pour faire vivre leur petit courant bien évidemment. Et la présence au siège, ce mercredi matin, de Daniel Fasquelle, le trésorier du parti, signifiait que l'intendance allait suivre.

«Frondeur soft»

«Nous voulons refonder la maison de l'intérieur, et créer un outil qui nous permette de nous remettre au travail», explique le jeune pompidolien qui n'a pas connu le deuxième président de la Ve mais qui, au fil de cette initiative, s'est imposé comme le ténor de ce groupe, comme «un frondeur soft». Lui se défend de toute ambition personnelle pour assurer que la démarche de ce comité est totalement collective. «Nous ne cherchons ni des places ni à nous constituer comme une écurie pour tel ou tel candidat à la présidentielle. Nous voulons simplement refabriquer des idées sans être excessivement sages. Nous voulons bousculer notre famille politique et la faire sortir de ces zones de confort», s'enthousiasme l'élu lotois.

Pour y parvenir, ce comité, constitué de 22 animateurs principaux et élus locaux, maires et conseillers régionaux, organise le 18 juillet un atelier de travail autour de trois thèmes : «réinventer l'alimentation, réinventer le logement, réinventer le handicap». «Notre nouvelle génération à droite a des responsabilités singulières. Nous voulons simplement que nous traitions de sujets qui n'étaient pas suivis de manière particulière au sein de notre famille politique», poursuit Aurélien Pradié. A la rentrée, ce comité devrait organiser une deuxième journée d'atelier consacrée cette fois «à la culture, au féminisme, et aux fins de mois». Leur méthode se veut simple : les grands caciques du parti seront invités en auditeurs libres sans prendre la parole, et, à la fin de la journée, le «comité de renouvellement» leur transmettra une «proposition directive».

«Réinventer les Soviets»

«Faudrait quand même qu'on ne se prenne pas à réinventer les Soviets, se bidonne un sénateur LR. Qu'ils fournissent des idées, même iconoclastes, voire poils à gratter, c'est très bien mais cela ne suffira pas à construire un programme et à affirmer une identité face à Macron. On est pour la privatisation d'ADP ou pas ? On est plus, un peu moins libéral que Macron ? Encore gaullistes ? Ben tant que la ligne ne sera pas fixée, ils peuvent toujours nous donner du poil à gratter mais ce n'est pas ça qui nous fera avancer.» Et pour lui, pas sûr que le seul candidat à la présidence du parti pour le moment, Christian Jacob, puisse imposer une ligne. Nombreux sont ceux qui commencent à penser que la présidence du parti est un job par intérim. En attendant mieux. D'où le peu de candidats aujourd'hui à se manifester pour disputer le fauteuil à l'ancien maire de Provins (Seine-et-Marne).