Ce n'est pas (encore) un boycott mais un premier coup de semonce. En choisissant d'inviter Marion Maréchal à sa prochaine université d'été sur le campus d'HEC de Jouy-en-Josas (Yvelines) - rebaptisée «Rencontres des entrepreneurs de France» - le Mouvement des entreprises de France (Medef) a provoqué une minicrise politique. Avec le risque de voir déserter les parlementaires de la majorité, dont un paquet de spécialistes des questions économiques. Après avoir appris, via une information de l'Express, que l'ex-députée Front national du Vaucluse avait reçu son carton d'invitation pour débattre, le 28 août, sur le thème de «la grande peur des mal pensants, pourquoi les populistes sont populaires» aux côtés de la philosophe Monique Canto-Sperber et de Bernard Tapie, trois députés La République en marche (LREM) ont fait savoir via leurs comptes Twitter leur refus de participer à l'événement de rentrée des patrons français si la nièce de Marine Le Pen était aussi présente.
Elle n’est élue à rien. Et je ne suis pas certain que sa petite entreprise mérite tant d’honneur. Si le @medef confirme cette invitation ce sera sans moi. https://t.co/9PpedFRzmp
— Roland Lescure (@RolandLescure) June 27, 2019
C’est semble t il vrai @GeoffroyRDB
— Olivia Gregoire (@oliviagregoire) June 27, 2019
C’est une provocation dangereuse qui plus est. Et ce sera le boycott pour ma part. https://t.co/ZJeNYCemyf
#Boycott pour ma part aussi @GeoffroyRDB https://t.co/41uaqtH1ef
— Coralie Dubost (@CoDubost) June 27, 2019
Parmi ces élus, on retrouve Roland Lescure, président de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, Olivia Grégoire, ancienne présidente de la commission spéciale de la loi Pacte et Coralie Dubost, une des rapporteures de ce même texte favorable aux entreprises. Autre voix critique dans la majorité, le président de l’Assemblée, Richard Ferrand, et le patron des députés LREM, Gilles Le Gendre.
Le @medef présidé par @GeoffroyRDB ne déçoit jamais. @oliviagregoire @RolandLescure @CoDubost @ https://t.co/gELRIhOIDN
— Richard Ferrand (@RichardFerrand) June 27, 2019
Deux digues rompues ? @MarionMarechal invitée hier d'un groupe de députés @lesRepublicains et, selon @LEXPRESS, cet été, du @medef. Connivence attendue dans le premier cas, stupéfiante dans le second. Les députés @LaREM_AN demandent @GeoffroyRDB un démenti https://t.co/jeIQNvoMAA
— Gilles Le Gendre (@GillesLeGendre) June 27, 2019
Dans l'entourage du président du Medef, Geoffroy Roux-de-Bézieux, on insiste auprès de Libération sur le fait que Marion Maréchal a été simplement «sollicitée», «comme 250 autres personnes» et «la liste finale des participants ne sera arrêtée que fin juillet». «Elle n'est pas cheffe de parti, elle n'est pas élue et vous voyez bien ce qu'il se passe en Europe avec les populismes, on ne peut pas vouloir en débattre correctement en restant entre-nous», justifie-t-on ainsi au Medef.
La présence d'une figure de l'extrême droite à Jouy-en-Josas serait pourtant une première. Si l'organisation patronale a, certes, reçu Marine Le Pen à l'occasion de son grand oral organisé lors de la dernière présidentielle, aucun responsable de l'ex-FN n'a jamais eu droit à une matinée ou une après-midi dans les Yvelines pour débattre d'enjeux économiques. Pas question de donner des titres de noblesse à un parti auquel l'ancienne présidente, Laurence Parisot, s'est toujours opposée. Elle en a même fait un livre, Un piège bleu Marine (Calmann-Lévy). Dans un tweet jeudi, elle a jugé «très grave» cette invitation par son successeur, Geoffroy Roux de Bézieux qui, toujours selon l'Express, a aussi invité à cet événement de rentrée des figures du mouvement des gilets jaunes ou encore des représentants de La France insoumise pas franchement pro-Medef.
Si cette information est exacte, c’est très grave. https://t.co/OZBKiGndot
— Laurence Parisot (@LaurenceParisot) June 27, 2019