Oui, les kilomètres à pied, ça use. Mais ce samedi, jour de la 41e édition de la Marche des fiertés, la communauté française LGBT+ foulera à nouveau le pavé parisien de Montparnasse à la place de République. Soit 5,5 kilomètres à parcourir pour dire la joie d'être gay, lesbienne, bi, trans ou intersexe, mais aussi brandir le souvenir des émeutes de Stonewall à New York - «Un événement fondateur des luttes LGBT+, qui a nourri notre conscience politique et notre soif d'être visibles, d'exister», selon Clémence Zamora-Cruz, porte-parole de l'Inter-LGBT. Et dire, avec un mégaphone, ce qui coince encore dans l'Hexagone.
Le gouvernement a promis d'ouvrir la procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes et aux célibataires (le projet de loi bioéthique est attendu en Conseil des ministres le 26 juillet). Fort bien ? Oui (quand même !) mais. C'est un cortège de femmes qui cette année s'apprête à conduire la longue marche avec le mot d'ordre «Filiation, PMA : marre des lois a minima». Motif ? «Outre le fait que les intersexes et les trans seront les oubliés de la future loi, insiste Laurène Chesnel, référente famille de l'Inter-LGBT, la façon dont il est prévu d'établir la filiation entre les futurs parents et leurs enfants nés d'une PMA fait gronder.
Le projet de loi transmis au Conseil d’Etat propose deux options : soit la création d’un régime spécifique pour les couples de femmes ou un nouveau type de filiation pour tous les enfants issus d’une PMA ayant eu recours au don. Pourquoi des régimes à part ? Pourquoi ne pas opter pour une extension du modèle hétéro actuel avec la possibilité pour celle qui ne porte pas l’enfant de bénéficier d’une présomption de comaternité en cas de mariage ou de la possibilité d’une reconnaissance de l’enfant en dehors du mariage ? Autre irritant : les enfants nés d’un don de sperme auront-ils oui ou non accès de façon certaine à l’identité de leur donneur à compter de leur majorité ? Le projet de loi n’a pas tranché, créant un flou qui inquiète.
Le fond de l'air pique aussi : en mai, SOS Homophobie a révélé une «hausse alarmante des agressions physiques rapportées» l'an passé : 231. Soit une explosion de 66 % par rapport à 2017. Dans le détail, l'association a reçu jusqu'à un témoignage d'agression physique par jour au cours du dernier trimestre de 2018… Sale coup. Une fois encore aussi, la marche, qui devrait rassembler quelque 500 000 personnes, ne manquera pas de rendre hommage à ceux que le sida a tué : à 16 h 30 précises, le son d'une corne de brume retentira pour annoncer trois minutes de silence.