L'info avait fuité dès lundi soir de sources syndicales et faisait grand bruit depuis : Conforama a confirmé son intention de supprimer 1 900 postes en France, en même temps que la fermeture d'une quarantaine de magasins «déficitaires» (32 Conforama et 10 Maison Dépôt).
Dans un communiqué, la direction a justifié ce plan social par la nécessité d'une «transformation profonde de Conforama en France». Le groupe de souligner que «Conforama s'est lancé dans une politique de croissance coûteuse» ces dernières années et que les difficultés financières de son actionnaire Steinhoff - englué dans un scandale financier, avec à la clé un trou de 6 milliards d'euros - «mettent en exergue une situation qui n'est pas viable». En France l'enseigne aurait cumulé 500 millions d'euros de pertes depuis 2013. Une manière de reconnaître que les salariés vont payer le prix fort pour des erreurs stratégiques commises au sommet. La direction a assuré que «tout a été fait pour limiter le nombre des suppressions de postes», et a annoncé que la procédure d'information et consultation sur ce plan social serait lancée le 11 juillet.
Choqués par l’ampleur des suppressions de postes, les syndicats avaient refusé de participer à un premier comité central d’entreprise mardi matin. Au total, 32 magasins sont appelés à fermer l’an prochain, dont 8 en Ile-de-France, employant actuellement 1 050 salariés. Par ailleurs, 600 postes vont disparaître dans les 164 autres magasins, ainsi que 124 au siège social à Lognes (Seine-et-Marne), 26 au service après-vente et 100 au sein des boutiques Maison Dépôt. Conforama, qui compte 9 000 salariés en France pour un chiffre d’affaires de 1,8 milliard d’euros, va donc supprimer 20 % de ses effectifs.
Les syndicats sont d'autant plus indignés que Conforama a touché 50 millions d'euros au titre du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) depuis cinq ans. Ils pointent aussi le rachat raté de Darty en 2014, la ringardisation de l'offre face à ses concurrents Ikea, Habitat et Alinea, et le coûteux sponsoring de la Ligue 1 de football (25 millions d'euros sur trois ans). «Nous serons extrêmement attentifs à la possibilité de réduction du plan social Conforama et à l'accompagnement des salariés», a affirmé la secrétaire d'Etat à l'Economie, Agnès Pannier-Runacher. Après GE, le gouvernement se voit à nouveau réduit à jouer les pompiers sociaux.