Ils se rapprochèrent et eurent beaucoup… de crédit. La Caisse des dépôts et la Poste, deux entreprises contrôlées par l'Etat, sont en train d'unir leur destin avec la bénédiction du ministre de l'Economie. Concrètement, la Caisse va devenir l'actionnaire majoritaire du groupe La Poste, afin de créer selon les mots de Bruno Le Maire «le premier outil financier public au service de l'intérêt général». L'ensemble devrait peser 1 000 milliards d'euros d'actifs. Car outre La Banque postale, l'assureur CNP, détenu par la Caisse des dépôts, fera également partie de la fête. L'objectif est de faire de cette grande boutique publique, un acteur suffisamment puissant pour financer aussi bien le logement social que les collectivités locales ou encore les hôpitaux.
Cette opération permet en outre à Bruno Le Maire de donner un léger coup de volant à gauche, alors qu’il sort d’une séquence difficile. La privatisation des Aéroports de paris (ADP) pourrait s’arrêter en bout de piste du fait du référendum d’initiative citoyenne qui a déjà réuni près de 400 000 signatures. Quant à la fusion entre le constructeur automobile Renault et son homologue italien Fiat Chrysler, elle semble définitivement sortie de route.
Un milliard dans les caisses de l’Etat
Le rapprochement entre la Caisse des dépôts et la Poste a en outre l'avantage de faire bien des heureux. Au premier rang desquels l'Etat, qui récupère un milliard d'euros dans cette affaire. La Caisse des dépôts doit en effet acheter des actions de la Poste pour pouvoir la contrôler et ces titres appartiennent à l'Etat. Bercy encaisse ainsi des recettes bien utiles au moment où les 10 milliards d'euros de la vente d'ADP semblent s'éloigner. Enfin l'Autorité des marchés financiers (AMF) a été extrêmement compréhensive. D'habitude, lorsqu'un rapprochement de ce type est lancé, il faut passer par une offre publique d'achat (OPA) et racheter au prix fort souvent des actions. Exceptionnellement, une dérogation a été accordée et la Poste a ainsi pu faire, selon le calcul effectué par l'un de ses dirigeants interrogé par Libération, une économie comprise entre 4 et 6 milliards d'euros. Pas négligeable, au regard de ce que lui coûte, le rétrécissement du marché du courrier: plus de 500 millions de chiffre d'affaires en moins chaque année.