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Loi Notre-Dame : la crainte d'une panne de dons

Avant que la loi pour la restauration de Notre-Dame soit adoptée ce mercredi en nouvelle lecture à l'Assemblée nationale, le ministre de la Culture Franck Riester a reconnu que seulement un peu plus de 10% des promesses de dons s'étaient concrétisées.
A l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 15 mai. (Photo Philippe Lopez. AFP)
publié le 3 juillet 2019 à 7h03

Afin de restaurer Notre-Dame au plus vite, et si possible en cinq ans comme l'a promis Emmanuel Macron, le gouvernement a fait le choix d'une procédure accélérée pour son projet de loi ad hoc, et pour tenir le rythme, y a glissé deux articles d'habilitation à gouverner par ordonnances. Cette façon de faire a suffisamment déplu au Sénat pour que la commission mixte paritaire, supposée déboucher sur un consensus, ait été un échec. Le texte est donc revenu à l'Assemblée en nouvelle lecture mardi et a été adopté ce mercredi dans la nuit (par 32 voix pour, 7 contre et 8 abstentions) avant de repartir au Sénat.

Le débat a vu émerger un nouveau problème : le niveau des dons. Côté promesses, les additions faites dès les premiers jours affichaient des résultats impressionnants. Deux mois plus tard, les chiffres ne sont plus si flamboyants. «Un peu plus de 10% des promesses de dons ont été concrétisées», a reconnu Franck Riester, le ministre de la Culture qui en a profité pour tacler une fois de plus ceux qui prétendent qu'il y aurait trop d'argent pour Notre-Dame. «Il est exagéré de parler de sur-collecte.»

«Apothéose de l’esprit»

Une partie des parlementaires semblent penser que la «surcollecte» n'est pas le sujet, au contraire. Président de la Commission des Affaires culturelles et de l'éducation, Bruno Studer (La République en marche) a exhorté ses collègues à «la prudence dans les prises de parole» pour ne pas fragiliser l'élan des donateurs. Intervenant derrière lui, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) a ironisé : «Vous nous avez dit qu'il ne fallait pas craindre le sur-don. Pour l'instant, j'ai surtout l'impression qu'il faut craindre le sous-don»

Ce qui soucie le chef des Insoumis, ce n'est pas le niveau des dons mais leur dégrèvement fiscal. Le texte accroît cet avantage pour les particuliers, le faisant passer de 66% à 75%. «Le don est payé par l'impôt des autres, c'est le principe même du dégrèvement d'impôts, dénonce l'élu. Nous pensons que le don est le don et n'a pas besoin d'être récompensé.» Sur un mode moins intransigeant, Jean-Luc Mélenchon a raconté l'histoire de «cette apothéose de l'esprit» qu'est Notre-Dame à ses yeux avec ce sens de l'histoire et du récit qui lui est propre et qu'on n'avait pas encore entendu sur ces bancs.