Avec son allure de doux rêveur, le mathématicien marcheur Cédric Villani a fait jeudi soir une démonstration de force dont bien peu le croyaient capable. Devant près de 800 sympathisants - le Théâtre du Gymnase a dû refuser du monde -, il s’est expliqué sur sa candidature à la mairie de Paris. Pendant plus d’une heure et demie, il s’est confié sur son amour de la capitale, cherchant à prouver qu’il avait bien l’étoffe d’un maire rationnel et pragmatique.
A la sortie, ses soutiens n'avaient plus de doute : «Après ça, je ne vois vraiment pas comment le parti pourrait investir Griveaux», affirmait la députée Anne-Christine Lang. La Commission nationale d'investiture (CNI) de LREM tranchera mercredi. La veille, les cinq candidats à l'investiture (les élus parisiens Anne Lebreton et Hugues Renson, et l'écologiste Antonio Duarte sont aussi en lice) auront eu trois quarts d'heure chacun pour se présenter devant la CNI, où siège notamment Julien Denormandie, très proche de Griveaux. Jusqu'à peu, les macronistes ne se faisaient aucune illusion : cet exercice n'était qu'une formalité et le vainqueur serait l'ex-secrétaire d'Etat, le plus proche de Macron. Mais, jeudi, Villani s'est employé à démontrer qu'il n'était pas moins crédible et rassembleur. Illustration avec Mounir Mahjoubi, sorti du gouvernement en même temps que Griveaux, venu expliquer que son désistement récent en faveur du mathématicien, «rassembleur par nature», avait «la force de l'évidence».
Pendant son discours, Villani a égrené ses soutiens issus de la société civile, avant de tendre la main à de nombreux politiques, dont les élus parisiens issus de la droite Delphine Bürkli, Florence Berthout et Pierre-Yves Bournazel, courtisés par Griveaux.
Faisant référence à son passage à l'Institut Henri-Poincaré - «un bazar» qu'il a «nettoyé» -, il a prévenu que «le bazar parisien ne [l'effrayait] pas». Avant de présenter son projet : «mettre la technologie au service de la capitale» ou encore réfléchir à «l'extension de la capitale aux communes limitrophes». Il prévoit aussi d'avoir un «conseiller écologique en chef» chargé d'évaluer «toutes les décisions du maire» afin de faire rentrer la capitale à l'âge d'un «éco-progressisme rationnel».