L’homme qui peut redonner des couleurs à la droite ? Sondages après sondages, Xavier Bertrand s’affiche toujours plus populaire. Jusqu’à apparaître aux yeux des Français, selon notre sondage Viavoice, comme le dirigeant politique le plus à même de représenter «l’avenir de la droite». Pas mal pour un responsable politique qui a quitté Les Républicains dès décembre 2017 et qui trace depuis sa route loin de la Rue de Vaugirard.
«Pris pour des cons»
Président de la région Hauts-de-France depuis 2016, Bertrand sait quand il le veut se faire entendre dans le débat public national. Comme dernièrement sur le déremboursement de l'homéopathie : il a écrit une lettre au président de la République pour réaffirmer à quel point cette décision serait «une fausse bonne idée» qui mettrait à mal le «pouvoir d'achat» des Français. Une position que l'ex-ministre de la Santé défend depuis 2005 - et qui n'a bien sûr rien à voir avec le fait que Boiron, leader mondial du secteur, exploite deux sites dans la région.
En février, l’ex-ministre du Travail a également interpellé le Président et le gouvernement, en les appelant à mener une politique plus ambitieuse en matière de lutte contre le chômage, notamment en défendant la généralisation du dispositif «territoire zéro chômeur». Si «la Manufacture» est son think tank, Bertrand a fait des Hauts-de-France son laboratoire d’application. Dès son arrivée à la présidence de la région, il a ainsi mis en place la plateforme Proch’emploi, qui a pour objectif d’aider les chômeurs dans leur recherche. Les demandeurs d’emploi de la région peuvent appeler un numéro vert et être recontactés dans un délai de quinze jours avec une proposition adaptée. Même credo de défense des travailleurs quand Bertrand s’est indigné lors d’une plénière du conseil régional de la fermeture de lignes de train.
Depuis qu'il a été élu, Xavier Bertrand a aussi enfourché nombre de chevaux de bataille industriels. Notamment pour défendre les 281 emplois et l'activité de l'aciérie Ascoval du site Saint-Saulve, dans le Nord : «Au bout d'un moment, on en a marre d'être pris pour des cons […] mais on ne se laissera pas faire ! […] Si l'Etat prenait sa part, [l'entreprise] continuerait», a-t-il par exemple lancé, avant de demander en mai à être reçu au ministère pour défendre la cause des salariés.
A en croire une récente étude de Business France, la méthode Bertrand porterait ses fruits : les Hauts-de-France sont à nouveau la deuxième région française dernière l’Ile-de-France en termes d’emplois créés ou maintenus par des entreprises à capitaux étrangers. Et elle conserve sa première place sur les investissements industriels.
Buzz
Face à l'ancrage du Rassemblement national dans les Hauts-de-France, Bertrand a fait de la lutte sociale contre le parti de Marine Le Pen un point cardinal de son action. En séance plénière, les échanges avec l'extrême droite, dont il dénonce dès qu'il en a l'occasion la «démagogie» et les «mensonges» sur les travailleurs détachés ou sur les aides aux agriculteurs, sont souvent vifs, ce qui n'est pas pour déplaire à l'ancien patron de l'UMP. Certains de ses recadrages ont même fait le buzz sur les réseaux sociaux.
Bien qu'il dise se consacrer entièrement à son mandat, Bertrand se positionne aussi pour la prochaine présidentielle. La chute de Laurent Wauquiez, la retraite politique de Nicolas Sarkozy et les limites de Valérie Pécresse, sans lui ouvrir un boulevard, lui permettent de nourrir des ambitions légitimes. Officiellement, Xavier Bertrand expliquait, en avril dans le Parisien, que pour espérer jouer un rôle en 2022, «la première des conditions sera de faire réussir ma région, les gens qui y vivent, en ayant repoussé les extrêmes. Ensuite, ça sera de savoir si j'ai bien trois ou quatre bonnes réformes pour les Français». Restera surtout à voir quel espace politique existe entre LREM et le RN.