1995 : Création du CDR
Le Crédit lyonnais, alors public, est également en très mauvaise santé financière. Son sauvetage passe par la création, cette année-là, d’un consortium de réalisation (CDR), sous la houlette de l’Etat, chargé notamment de loger les créances douteuses de la banque. C’est cette instance qui sera impliquée dans la bataille judiciaire opposant Bernard Tapie à l’Etat.
1993 : Tapie vend Adidas
Bernard Tapie, l’une des plus grosses fortunes de France et ministre de la Ville depuis un an, s’est engagé à se retirer des affaires. Il rencontre des difficultés à rembourser le prêt contracté pour l’achat d’Adidas et s’en sépare pour 315 millions d’euros avec l’aide du Crédit lyonnais, qui lui a accordé le prêt et se charge désormais de lui fournir des acheteurs, dont une filiale de la banque.
1994 : Plus-value du lyonnais
Par un montage financier, le Crédit lyonnais empoche une plus-value de 390 millions d’euros en revendant Adidas au double de son prix d’achat (701 millions), une opération dénoncée par Bernard Tapie, qui s’estime lésé. Dans la foulée, la banque déclare caduque l’accord par lequel l’homme d’affaires devait être blanchi de toute dette. Bernard Tapie, en liquidation judiciaire, est ruiné.
2007 : Vers un arbitrage privé
Pour mettre fin à ces interminables démêlés judiciaires, la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, et son directeur de cabinet, Stéphane Richard, demandent au CDR d’accepter la dernière proposition de Bernard Tapie : en passer par un tribunal arbitral privé. Si cette procédure est banale pour les litiges financiers, il est en revanche très rare de la déclencher à ce stade.
2008 : 404 millions pour Tapie
Cette année marque un nouveau tournant dans l’affaire. Le tribunal arbitral condamne le CDR à verser 404 millions à l’homme d’affaires lésé. Aucun recours de la part du CDR. Sollicitée par des députés socialistes, puis par le procureur général de la Cour de cassation, la Cour de justice de la République ouvre, en 2011, une enquête sur le rôle de Christine Lagarde dans cet arbitrage.
2013-2015 : Arbitrage annulé
Tapie et son avocat Maurice Lantourne, Stéphane Richard et Pierre Estoup, l'un des trois juges arbitres, sont mis en examen pour «escroquerie en bande organisée» à la suite d'une enquête pénale ouverte en 2012. Quant à l'arbitrage, il est annulé en 2015 par la Cour d'appel de Paris, jugé frauduleux. Bernard Tapie sera ensuite condamné à rembourser les 404 millions.
2017 : Renvoi en correctionnelle
En 2016, la Cour de cassation confirme la décision de la cour d'appel concernant l'arbitrage. Un an plus tard, les juges d'instruction, après cinq ans d'enquête, signent une ordonnance de 300 pages pour demander le renvoi de Tapie et des cinq autres prévenus devant le tribunal correctionnel pour des faits d'«escroquerie» et de «détournement de fonds publics».
2019 : Procès
A l’issue du procès, en mars, le parquet a requis cinq ans de prison ferme contre Bernard Tapie et la confiscation de ses biens. Pour son avocat, trois ans de prison avec sursis. Et pour Stéphane Richard, trois ans ferme, dont dix-huit mois avec sursis, doublés d’une interdiction d’exercer une fonction publique pour cinq ans. Mardi, tous les prévenus ont été relaxés.