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Libération

Alexandra Benachi, présidente du comité d'experts scientifique : «C’est probable qu’on ne trouve pas les causes [des naissances de bébés sans bras].»

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publié le 12 juillet 2019 à 21h06
(mis à jour le 12 juillet 2019 à 21h06)

La présidente du comité d'experts chargé de faire toute la lumière sur l'affaire dite des «bébés sans bras» a expliqué vendredi que la probabilité de trouver une cause commune à ces cas groupés d'enfants nés avec un bras mal formé existait, mais qu'elle était «infime». De l'exposé d'Alexandra Benachi, qui présentait les premières conclusions de l'enquête nationale décidée en octobre 2018 par plusieurs ministères, on retiendra d'abord la confirmation qu'«il n'y a pas de cluster» (ou cas groupés) dans le département de l'Ain. Le même qui, pourtant, affichait 13 cas signalés d'«agénésie transverse des membres supérieurs» (ATMS) contre 3 en Loire-Atlantique et 4 dans le Morbihan. Sur ces 13 bébés, 6 ont finalement été déclarés comme ATMS, 2 autres écartés, 1 cas retiré et les 4 autres jugés «hors période d'étude». La professeure argue : «Là, c'est sur une très longue période [2006-2015, ndlr] dans six communes différentes, dont certaines étaient éloignées.» Avant d'insister : «Il faut plusieurs cas identiques dans le temps et l'espace pour trouver les facteurs de risques.»

Contactée par Libération, Emmanuelle Amar, la directrice du Registre des malformations en Rhône-Alpes (Remera) à l'origine de l'affaire, dégoupille : «Rien ne justifie qu'on supprime ces cas qui seraient hors période d'étude. Qu'est-ce qui détermine ça ? C'est un signalement ! Ils ont été supprimés uniquement pour faire disparaître le cluster.» En Loire-Atlantique, où le cluster avait pourtant été validé, le doute perdure. «Les experts n'ont pas vu les dossiers des trois enfants, avance Alexandra Benachi. Un médecin a été mandaté. On aura la réponse d'ici la fin de l'année.» Seul Guidel (Morbihan), avec ses 3 cas sur 4 signalés en dix-huit mois, est un cluster avéré. Le comité d'experts recommande de mener des «investigations complémentaires» autour de la commune bretonne pour «avoir des chances de trouver quelque chose». Les cahiers d'épandages de pesticides utilisés dans le cadre d'essais à l'époque des grossesses concernées vont notamment être analysés.