«Un match comme ça, ça se regarde avec du monde.» Najat, 53 ans, s'est mise un peu en retrait de la foule avec ses deux filles mais ne se résout pas à rentrer. Barbès ce dimanche soir (photo), dans les rues, dans les cafés, les restaurants, «c'est la capitale des Algériens» alors que l'équipe des Fennecs disputait la demi-finale de la Coupe d'Afrique des Nations face au Nigeria. Amine, 23 ans, abonde : «C'est pour la langue qu'on est là, les chants, les saveurs.»
Une soirée entre chants, rires, et tension. Les deux équipes étaient à égalité à l'approche de la fin du match. Jusqu'au coup franc libérateur de Riyad Mahrez au bout des arrêts de jeu (2-1), transformant le coup de sifflet final en feu d'artifice. La rue vibre presque sous les sauts des supporteurs euphoriques, les toits des voitures sont assaillis, les gens courent partout en chantant «one two three viva l'Algérie», et «Mazal Sinigal, mazal mazal» («il reste le Sénégal»). La fête se poursuit ensuite sur les Champs-Elysées où les supporteurs de l'Algérie ont célébré la qualification pour la finale - la première depuis 1990 - jusqu'à tard dans la nuit. Quelques incidents ont éclaté à Paris mais aussi Marseille et Lyon : au total, 282 personnes ont été interpellées dans la soirée, également marquée par les festivités du 14 Juillet, a annoncé lundi matin le ministère de l'Intérieur. «Au peuple algérien, je veux dire que je ne suis pas un politicien, pas un faiseur de miracle, pas un sorcier, mais qu'on va se battre comme on s'est battu jusqu'à présent, a déclaré le sélectionneur algérien, Djamel Belmadi, alors que le pays traverse une grave crise politique. V oilà ce que je peux promettre. On va faire le maximum.» L'Algérie retrouvera vendredi en finale au Caire le Sénégal, tombeur de la Tunisie.
Photo Stéphane Lagoutte.Myop