«Lynchage». Comme d'autres avant lui, François de Rugy a lâché ce mot d'une violence extrême pour dénoncer la campagne de presse - et en premier lieu le travail du site Mediapart -, qui l'a contraint à démissionner de son poste de ministre d'Etat de la Transition écologique. Sotte rengaine entendue, pour ne citer que deux autres dossiers récents, au commencement des affaires Fillon ou Benalla. Les mensonges dénoncés mécaniquement par les mis en cause se sont révélés être des faits, établis grâce à un travail d'enquête sérieux. Il faut se réjouir de l'existence dans une démocratie comme la nôtre d'un journalisme capable d'effectuer cet indispensable travail d'investigation. Libération y contribue et y contribuera, avec comme boussoles l'honnêteté et le souci du contradictoire, garanties contre des dérives et erreurs dont la presse, comme d'autres, n'est pas à l'abri. La preuve, il existe des lois pour encadrer ce travail. François de Rugy a d'ailleurs annoncé qu'il avait porté plainte au pénal pour diffamation…
L’ex-ministre d’Emmanuel Macron se dit peut-être qu’il paie là ou d’autres passent à travers les gouttes. Ce n’est sans doute pas faux. Cela demeure quand même une drôle de ligne de défense. Surtout quand, comme lui, on appartient à ce nouveau monde macronien pour qui la moralisation de la vie politique fut un tremplin vers le succès. La France semble en tout cas avoir bien du mal à trouver, en politique, mais pas seulement, le chemin de crête entre puritanisme excessif et abus de pouvoir, entre devoir absolu d’exemplarité et dérives condamnables.
Emmanuel Macron, lui, en lâchant son ministre, n’a pas commis la même erreur que l’an passé avec Benalla. Rugy ne gâchera pas son été. Mais après Hulot, sa priorité écologique continue de ressembler, avec cette nouvelle démission, à un canard sans tête.