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Transition

Succession de Rugy : secrétaires d'Etat, écolo-macronistes ou néo-convertis ?

Pour remplacer le ministre de la Transition écologique et solidaire, l'exécutif a plusieurs profils à sa disposition. «Libération» en a recensé huit.
Francois de Rugy le 7 mai à Paris. (LUDOVIC MARIN/Photo Ludovic Marin. AFP)
publié le 16 juillet 2019 à 18h28

Sur le papier, c’est un poste de ministre d’Etat qui, dans l’ordre protocolaire, offre à son titulaire le rang de numéro 2 du gouvernement. Mais il n’y a que des coups à prendre à incarner la Transition écologique et solidaire au sein d’un gouvernement qui peine à convaincre qu’il lutte contre le réchauffement climatique. Pourtant, les lambris rénovés de l’Hôtel de Roquelaure font rêver tous ceux dont la carrière s’est faite sous un étendard plus ou moins vert.

Revue des candidat(e)s potentiels à la succession de François de Rugy.

Les numéros 2 déjà dans la place : Emmanuelle Wargon et Brune Poirson

C'est la solution la plus évidente à court terme sur le plan de l'efficacité technique : bombarder ministre l'une des deux secrétaires d'Etat à la Transition écologique déjà en place. Pendant les trois jours qui viennent, la première va défendre au pied levé la loi énergie-climat au Sénat en remplacement de Rugy et la seconde vient de présenter son texte de lutte contre le gaspillage et pour l'économie circulaire en Conseil des ministres. En fonction depuis le 16 octobre 2018, Emmanuelle Wargon a pour elle d'avoir été choisie pour coanimer le «grand débat national» organisé pour tenter de sortir de la crise des gilets jaunes. Mais la polémique qui a entouré l'arrivée de cet ex-lobbyiste du groupe Danone sur des dossiers environnementaux – notamment sur la question de l'huile de palme –, énarque de la même promotion qu'Edouard Philippe, en fait un joker hasardeux dans un ministère assailli par les lobbys.

D'abord en poste auprès de Nicolas Hulot et confirmée sous Rugy, l'autre secrétaire d'Etat, Brune Poirson, vient elle aussi d'une grande entreprise privée régulièrement ciblée par les ONG : elle a fait carrière chez Veolia avant de s'investir dans le think thank People for Global Transformation et surtout la campagne d'Emmanuel Macron. Elue députée du Vaucluse face au Rassemblement national, son travail est apprécié par le chef de l'Etat mais elle souffre, comme sa collègue, d'un déficit de notoriété.

Les écolo-macronistes : Arnaud Leroy et Barbara Pompili

Eux ont le même profil que François de Rugy : une première vie chez les Verts avant un recyclage à La République en marche. Recasé à la tête de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) par Emmanuel Macron, le premier a été chez les Verts jusqu'en 2005 avant de filer au PS et de se rapprocher d'Arnaud Montebourg. Fin 2016, il figure parmi les premiers soldats du futur chef de l'Etat dans sa conquête de l'Elysée. En mai 2017, le jour de l'investiture présidentielle, Arnaud Leroy fait partie de la bande des fidèles qui traverse, triomphante, la cour du Château sur le tapis rouge.

Proche de Rugy pour avoir coprésidé avec lui le groupe des députés écolos entre 2012 et 2017, Barbara Pompili est présidente de la commission développement durable à l'Assemblée et peut se prévaloir d'une première expérience à l'hôtel de Roquelaure. Elle a été secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité de 2016 à 2017 avec à son actif une loi qui contient notamment l'interdiction des néonicotinoïdes.

Les derniers ralliés : Pascal Canfin et Laurence Tubiana

Lui aurait fait un excellent successeur à Rugy. Mais le ministre délégué au Développement sous Hollande vient tout juste, sous l'étiquette Renaissance (donc Macron) d'être élu au Parlement européen et d'empocher la présidence de la commission environnement à Strasbourg. Au moment du départ de Hulot, l'alors directeur général du WWF France était déjà dans la short-list des possibles successeurs. Mais faute de garanties, Pascal Canfin avait décliné.

A l'époque, le nom de Laurence Tubiana, l'ex-ambassadrice de la France pour la conférence climat de Paris, avait aussi circulé. L'économiste de formation dirige aujourd'hui la Fondation européenne pour le climat, préside le conseil d'administration de l'Agence française de développement et siège au Haut Conseil pour le climat créé par Macron. Un profil société civile idéal. Mais que Macron imaginait plutôt placer à la Commission européenne.

Les ovnis : Ségolène Royal et Cédric Villani 

Elle plane sur le ministère de l'Ecologie comme le fantôme de l'opéra : Ségolène Royal a été ministre de l'Environnement sous François Hollande, elle a participé aux accords de Paris et a donné son nom à la loi sur la transition énergétique, dont les ambitions initiales ont été revues à la baisse par l'actuel gouvernement. Mais l'actuelle ambassadrice des pôles n'en tient pas rigueur à Macron, dont elle a loué «la fibre écologiste» à la veille des européennes. Son profil d'ex-socialiste et sa personnalité très médiatique en feraient une recrue de choix pour le gouvernement.

Le nom de Cédric Villani, qui ambitionnait de devenir le «premier maire écologiste» de Paris, circule aussi beaucoup. Difficile de nommer le député de l'Essonne directement au poste de ministre d'Etat mais, en deux ans, le mathématicien s'est fait une petite renommée sur les questions environnementales. L'intégrer à l'équipe gouvernementale retirerait une sacrée épine du pied à LREM : Cédric Villani a annoncé qu'il déciderait de la suite de ses ambitions municipales en septembre, laissant flotter l'idée d'une candidature dissidente face à Benjamin Griveaux.