C’est un chiffre que le ministre de l’Intérieur s’est bien gardé de diffuser. Combien d’enquêtes judiciaires visent les forces de l’ordre dans le cadre du mouvement des gilets jaunes ? Dans les maigres communications de Christophe Castaner, seules les enquêtes confiées aux inspections générales de la police et de la gendarmerie nationale ont été évoquées. Pourtant, la plupart des parquets de province ont aussi confié des investigations à des entités locales de police et de gendarmerie, à la différence du procureur de la République de Paris qui a décidé de saisir seulement les deux inspections. Ce choix relève de l’appréciation de chaque procureur.
Selon nos informations, au 24 juin, 103 enquêtes judiciaires avaient été ouvertes par la justice et confiées à des services locaux de police et gendarmerie. On compte 20 saisines de services de sûreté départementale ou encore 10 saisines d'unités de recherche de gendarmerie. Contactée à propos de ces nombreuses enquêtes qui n'avaient jamais été évoquées jusque-là, la Direction générale de la police nationale dit «ne pas tenir de comptabilité centrale». Le nombre d'enquêtes confiées à l'Inspection générale de la police nationale a encore augmenté avant l'été. Selon le dernier décompte consulté par Libération, daté du 24 juin, la police des polices a été chargée de 281 procédures. Une partie de ces investigations ont été ouvertes par le parquet de Paris (184), viennent ensuite ceux de Bordeaux (27), Toulouse (8), Montpellier (7), Nantes et Rennes (6), etc. L'Inspection générale de la gendarmerie nationale a été saisie de 6 enquêtes. Au total, 390 enquêtes visent donc, a minima, les forces de l'ordre.