La tension monte chez les candidats inscrits sur Parcoursup. La phase principale d'admission accélérée s'apprête à baisser le rideau ce vendredi 19 juillet. Les dernières propositions d'admission de cette phase tombent, elles, ce mercredi. Si Parcoursup est un peu passé sous les radars cette année, la machine a bien continué à avancer. Selon les dernières données du ministère de l'Enseignement supérieur, datées du 17 juillet, 62 000 des quelque 789 000 candidats sont encore sans proposition, dont près de 36 000 lycéens. A ce stade, 49 500 ont également quitté la plateforme avant de recevoir une proposition.
Cette version remaniée avec répondeur automatique, points d'étape, délais de réponse resserrés et surtout un calendrier largement raccourci, fait-elle pour l'heure mieux que l'an dernier ? Au regard des chiffres, la comparaison est difficile. Car les indicateurs utilisés ont aussi subi un sérieux lifting. L'an dernier, le 17 juillet, 68 500 candidats étaient encore en attente d'une proposition, légèrement plus que cette année, mais la phase principale était alors encore en cours, ne s'achevant que le 5 septembre. Plus précis, les indicateurs montraient les élèves ayant accepté définitivement une proposition mais aussi ceux qui avaient reçu une proposition sans l'avoir définitivement acceptée. Cette année, les tableaux n'indiquent que les candidats ayant reçu une ou plusieurs propositions d'admission (677 000) et ceux ayant quitté la plateforme avant d'avoir reçu une réponse à leurs vœux. Depuis ce mercredi, le ministère notifie aussi ceux qui ont saisi la Commission d'accès à l'enseignement supérieur lorsqu'ils n'ont eu que des réponses négatives (5 600).
Un climat plus serein ?
Le ministère de l'Enseignement supérieur, qui prévoit un bilan en fin de semaine, avançait mardi : «La procédure d'admission Parcoursup a fonctionné plus vite que l'an passé. Au total à ce jour, ce sont 88% des lycéens qui ont reçu au moins une proposition contre 85,2% l'an dernier.» Tout en rapportant que «les proviseurs disent que le climat a été plus serein». Une chose est sûre, après le plantage du lancement, Parcoursup a fait moins polémique dans le monde de l'éducation comme au plan médiatique. A chaque année son combat ? L'attention s'est surtout davantage focalisée cette année sur la réforme du lycée (en lien ténu avec celle de Parcoursup) mise en place à la hâte pour une entrée en vigueur dès septembre prochain. Claire Guéville, responsable du secteur lycée au SNES-FSU (syndicat majoritaire du secondaire), tonne : «Parcoursup est passé derrière l'actu brûlante du bac et de la mobilisation contre la réforme du lycée mais on ne peut pas dire que ça s'est mieux passé. N'oublions pas le plantage du départ. Et il y a une forme d'accommodement face à des chiffres énormes, 62 000 élèves en attente à cette période, c'est beaucoup et bien plus que sous APB.»
Certaines modifications apportées à Parcoursup auraient permis d'apaiser le climat selon Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN (syndicat des chefs d'établissements). «Il y a eu globalement moins de stress côté élèves et chefs d'établissements, il y a une espèce de confiance dans l'outil, une meilleure maîtrise du timing et du processus dû à l'expérience. On a aussi le sentiment d'une plus grande fluidité, moins d'inquiétudes sur le fait d'être en attente, notamment grâce à l'affichage du rang du dernier appelé de l'an dernier, permettant un autopositionnement.»
Qu'en est-il côté universités ? Rachid el Guerjouma, président de l'université du Mans, note : «Le fait d'avoir "toiletté" Parcoursup, les délais de réponses raccourcis, le calendrier plus resserré etc., fait que ça s'est mieux passé. C'était un peu plus serein. Je peux en témoigner en tant que président d'université mais aussi comme parent puisque ma fille passait le bac cette année. Mais le système doit encore être amélioré pour renforcer son utilisation d'accompagnement des étudiants. On a aussi besoin de plus de places et de moyens dans le supérieur.»
Changement de comportement
Claire Guéville souligne : «Une accélération du processus, oui mais à quel prix ? Combien d'élèves perdus à cause des délais de réponse trop courts ? Et je n'ai pas trouvé les élèves plus sereins.» Elle relève plutôt un changement de comportement par rapport à l'époque d'APB. «Il y a plus de tensions élèves/enseignants au moment des dossiers Parcoursup et on remarque un relâchement après les vacances de printemps puisque ça ne compte plus dans Parcoursup alors qu'il y a le bac. Parcoursup passe en premier dans le niveau de stress.»
Du côté des élèves encore en attente ou n'ayant pas eu le vœu qu'il souhaitait, le ressenti semble similaire aux élèves de l'an dernier. Maïna, 17 ans, a obtenu son bac S avec mention assez bien à Metz. Elle voit l'échéance du 19 juillet arriver avec angoisse. «J'ai une proposition d'admission pour un BTS communication mais je suis 19e sur la liste d'attente pour un DUT gestion des entreprises et des administrations qui m'intéresse particulièrement. Je gagne deux trois places par jour mais on doit confirmer définitivement avant vendredi.» Cette procédure raccourcie est tout de même plutôt appréciée par Maïna. «C'est un peu moins stressant. On a l'esprit tranquille pendant les vacances et on peut faire les inscriptions dans les temps. Mais j'aurais aimé avoir quelques jours de plus, peut-être que ça aurait suffi pour que je sois acceptée dans le BTS.»
Archivage des listes
Pour les candidats toujours en attente ou n'ayant essuyé que des refus, la phase complémentaire, ouverte le 25 juin, leur donne une seconde chance. Adrien*, 17 ans, lauréat d'un bac STI2D à Paris, a tenté sa chance sans succès. Ayant deux vœux en attente et tous les autres refusés en DUT informatique, il en a formulé deux autres en phase complémentaire. Mais les deux portes se sont aussi fermées, le laissant sans solution. «Je suis inquiet, je ne sais pas ce que je vais faire l'an prochain. L'affectation est hasardeuse. Tout se joue sur les notes et en même temps des gens avec de moins bonnes notes ont eux été pris dans cette filière.» La commission prévue dans ces cas-là lui a simplement conseillé de faire des vœux dans une autre filière, «même si cela ne m'intéresse pas».
Pour ceux n'ayant pas eu l'affectation voulue, le ministère a aussi prévu une dernière porte d'accès : les listes d'attente de la phase principale seront archivées vendredi à minuit. «Si à titre exceptionnel pendant l'été, une place vient à se libérer dans une formation dans laquelle un candidat était en attente, cette place sera proposée automatiquement au premier candidat sur la base des vœux archivés au 17 juillet.» Un ultime espoir.