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A Paris, Benjamin Griveaux aimerait bien parler idées

En plein mois de juillet, le candidat LREM à la mairie de Paris a tenu son premier meeting officiel jeudi soir. Un début de campagne compliqué après la publication de propos peu amènes du candidat sur ses rivaux.
Benjamin Griveaux, lors de son meeting de lancement de campagne, au théâtre Libre à Paris, le 18 juillet. (Photo Martin Colombet pour Libération)
publié le 19 juillet 2019 à 12h03

19 heures – Sur le trottoir du boulevard de Strasbourg, une longue file d'attente patiente avant l'ouverture des portes du théâtre qui accueille le premier meeting de campagne parisienne de Benjamin Griveaux. Dans la foule des «marcheurs», beaucoup de costumes ou a minima une chemise et un pantalon à pinces. Alexis, 45 ans, financier et électeur d'Emmanuel Macron en 2017, est venu avec son enfant qui somnole dans sa poussette. Pour Martine, 74 ans, retraitée et adhérente d'En marche depuis sa création, «il faut quelqu'un qui s'occupe de la ville ! [Anne] Hidalgo est trop dans la communication et n'agit pas assez».

Les jeunes sont pour la plupart membres des JAM (les Jeunes avec Macron, le mouvement affilié à LREM) ou des stagiaires travaillant avec des députés En Marche. Etudiant en master de droit à Panthéon-Assas, Arthur, 23 ans, est venu écouter le candidat Griveaux, désigné il y a une semaine mais il regrette que la majorité présidentielle n'ait pas choisi Cédric Villani et son «profil académique». Sur le fond, il se dit favorable aux politiques d'Anne Hidalgo sur la réduction de la place de la voiture dans la capitale. Devant ces injonctions contradictoires, on mesure les difficultés à venir pour Benjamin Griveaux : tracer sa route, entre ses adversaires internes et une maire sortante qui n'est pas rejetée par l'électorat de centre-gauche.

19h38 – Dans l'espace bar au deuxième étage du Théâtre Libre, des jeunes en costume et en robe de ville, prenant l'apéritif : eau gazeuse, pintes de bière, verre de rhum… «Victorien, tu seras sur la scène pour porter une cravate rouge», demande l'un d'eux installé confortablement dans un canapé. «Non, mais je me suis dit qu'il ne fallait pas que Mélenchon me la vole», réplique un jeune homme portant costume bleu clair et chemise blanche. Sur le comptoir, comme sur chaque fauteuil de la petite salle de spectacle, sont déposées des cartes postales. On y voit une photo du candidat Griveaux en train de parler à des personnes âgées sur un marché avec ce message : «J'ai besoin de vos idées. […] Je compte sur vous. Comptez sur moi.» C'est l'idée maîtresse de la campagne Griveaux : co-construire son programme pour l'élection de mars prochain avec les Parisiens, par le biais d'une plateforme collaborative tout au long de l'automne. Mais dans la salle, les cartes postales destinées à envoyer des idées sont pour l'instant agitées comme éventails pour remédier au manque de fraîcheur. Au fil de la soirée, des militants distribueront de l'eau venue de packs de bouteilles en plastique dans des verres en carton jetable. «L'écologie à hauteur d'homme avec un grand H», comme dit Benjamin Griveaux ?

Chèque babysitting et conseil de défense écolo

20h05 – «Paris, Paris soi-même libéré», la députée parisienne Olivia Grégoire ouvre le bal en citant un poème de Louis Aragon. Au premier rang, les membres du gouvernement Marlène Schiappa et Sibeth Ndiaye sont venues apporter leur soutien à Griveaux pour les municipales de Paris en 2020. Ses rivaux déçus Mounir Mahjoubi, Cédric Villani, Anne Lebreton et Hugues Renson, eux, n'ont pas fait le déplacement. Le rassemblement attendra. Les excuses de Griveaux à leur égard pour tenter d'éteindre la polémique après la parution d'une bordée d'injures les visant n'y auront rien changé. Suppléante de Griveaux à l'Assemblée redevenue conseillère municipale, Elise Fajgeles fait son entrée sur scène au rythme d'une chanson de Katy Perry. «Vous pouvez me laisser la musique, […] je me sens un peu seule à danser devant vous», s'amuse-t-elle avant de vanter la disponibilité et les capacités d'écoute du candidat.

20h31 – Benjamin Griveaux arrive enfin, manches de chemise retroussées, lève le pouce de sa main droite. La salle l'accueille debout. Des «On va gagner, on va gagner» fusent à droite de la salle. Celui qui ne veut pas «être le maire de Paris mais le maire des Parisiens» déroule ses propositions sur l'écologie, la solidarité. Père de trois jeunes enfants, il annonce la création d'un «chèque babysitting de 50 heures par an» pour «les parents qui n'ont plus le temps de rien» ou d'une «mutuelle municipale» dans la capitale. A l'instar de ce qu'a fait Emmanuel Macron au sommet de l'Etat, Benjamin Griveaux veut également lancer un «Conseil parisien de défense écologique». Le discours est constellé d'attaques contre la politique d'Anne Hidalgo, accusée de retard à l'allumage contre les trottinettes électriques et soupçonnée de craindre ses maires d'arrondissements. Au fond de la salle, trois jeunes marcheurs chargés d'animer les réseaux sociaux du candidat s'affairent à retoucher leurs photos avant publication. Epinglé par Le Point qui aurait mis la main sur un enregistrement contenant les noms d'oiseau de Griveaux publiés mercredi, le candidat ironise à deux reprises : «Je vais vous faire une confidence car nous sommes entre nous, pas d'enregistrement caché.»

22h05 – A la fin du meeting, Benjamin Griveaux refuse de revenir sur ces propos qui ont fuité et sur la réplique, cinglante de Bertrand Delanoë. «Je ne commente pas une conversation privée», élude le candidat avant de s'éclipser, privant certains de ses fans d'un échange et d'un selfie. L'équipe Griveaux leur indique la démarche à suivre : «Ecrivez-lui sur un papier ce dont vous avez besoin, vos idées, et nous lui transmettrons.»