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L'aciérie Ascoval reprise mais pas encore tout à fait sauvée

Les 262 salariés de l’aciérie nordiste de Saint-Saulve respirent : la justice a donné son feu vert au plan de reprise de British Steel. Mais après plusieurs déconvenues, la prise de commandes sera décisive pour l'avenir de l'entreprise.
Des employés d'Ascoval à Saint-Saulve (Nord) après la décision du tribunal de Strasbourg, le 2 mai. (FRANCOIS LO PRESTI/Photo François Lo Presti. AFP)
publié le 24 juillet 2019 à 16h57

C’est un pas de plus vers le sauvetage de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) et la préservation de l’emploi de ses 262 salariés. Ce mercredi, les magistrats du tribunal de grande instance de Strasbourg ont validé le plan de reprise d’Ascoval présenté par Olympus Steel, maison mère du repreneur British Steel. L’usine nordiste devient officiellement British Steel Saint-Saulve (B3S).

Direction comme salariés espèrent que cette annonce permettra de relancer la production. L'aciérie nordiste tourne en effet au ralenti depuis plusieurs semaines et se démène pour remplir son carnet de commandes. Pour la reprise de l'activité fin août, c'est déjà plein, indique Cédric Orban. Et le président exécutif de B3S accueille le feu vert du TGI de Strasbourg comme un «soulagement»«C'est rassurant pour les clients et les fournisseurs», réagit aussi Olivier Burgnies, membre du comité d'entreprise d'Ascoval. Pour autant, syndicalistes et salariés ont appris à être prudents, temporise Bruno Kopczynski, porte-parole de l'intersyndicale (CFDT, CGT, CFE-CGC) et délégué CFDT.

Mobilisation générale

Car les bonnes nouvelles ont souvent été suivies de coups du sort dans ce dossier qui traîne depuis janvier 2017. A l’époque, l’actionnaire Vallourec veut céder une partie de l’aciérie de Saint-Saulve. Un accord est trouvé avec Ascométal, fabricant d’aciers spéciaux : la société créée, Ascoval, appartient à 60% à Asco industries, propriétaire d’Ascométal, et à 40% à Vallourec. Mais le 22 novembre 2017, la justice place Ascométal en redressement judiciaire. Un groupe suisse reprend alors le sidérurgiste en difficulté, mais pas l’aciérie Ascoval.

Grèves sur le site, interventions des élus locaux, réunions multiples à Bercy…Syndicalistes, direction, Etat et collectivités territoriales se mobilisent pour empêcher la fermeture de Saint-Saulve. L’affaire devient politique : le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, s’empare du dossier et le gouvernement en fait un symbole de son action pour défendre l’industrie française et l’emploi. Fin 2018, Altifort présente une offre de reprise qui convainc la justice française. Mais l’embellie ne dure quelques semaines… Les espoirs des salariés sont douchés quand Altifort échoue à réunir les fonds nécessaires. Le plan de cession est annulé en février.

«On a franchi une marche»

Quatre mois plus tard, British Steel est choisi par les magistrats strasbourgeois. Un plan de financement de 94,5 millions d’euros est bouclé : il implique British Steel (47,5 millions), l’Etat (25 millions), la région Hauts-de-France (12 millions) et Valenciennes métropole (10 millions). Mais patatras, mi-mai, alors que les premiers fonds sont versés et que la société redémarre, la presse britannique révèle que le repreneur British Steel est lui-même en faillite ! Il n’y aura pas d’impact pour Saint-Saulve, tentent alors de rassurer les différents acteurs du dossier. La décision du tribunal de Strasbourg conforte aujourd’hui cette analyse optimiste. Elle permet désormais à Valenciennes Métropole et la région Hauts-de-France de verser leurs apports dès le mois d’août pour consolider la poursuite de l’activité.

Cependant, l'avenir de l'usine de Saint-Saulve reste suspendu au sort de British Steel, qui est désormais entre les mains de la justice britannique. Le groupe anglais en faillite possède deux autres usines très liées à l'activité du site nordiste : celles de Hayange, en Moselle, et FN Steel (Pays-Bas). L'enjeu pour la maison mère Olympus Steel est de conserver ces deux sites dans son périmètre pour permettre à l'ex-Ascoval de les fournir en acier. Avec la validation du plan de reprise côté français, «on a franchi une marche mais on n'est pas encore en haut de l'escalier», estime Bruno Kopczynski, porte-parole de l'intersyndicale d'Ascoval. La rentrée sera décisive pour l'aciérie de Saint-Saulve.