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Libération
Canicule

T’as le look chaud chaud

Quand le thermomètre perd la tête, que Paris se transforme en étuve, les travailleurs courageux et les touristes en goguette n’ont pas d’autre choix que d’arpenter le bitume, avec style. Ou pas. «Libé» est parti à la rencontre des téméraires, sous un cagnard historique.
Qiu du pays de Galles et Simon de Quimper, 16 ans tous les deux, en vacances à Paris jeudi. (Photo Frédéric Stucin pour Libération)
publié le 25 juillet 2019 à 20h36

Le jeune : chaussettes et shorts denim 

On leur a dit qu'il fallait qu'on parle de ces chaussettes portées avec des Vans. Ça les a fait sourire. Habituellement interdite, la pratique est tolérée à plus de 40 °C. Simon et Qiu sont jeunes (16 ans à peine) et… courageux. Au moment où on les croise près du pont Alexandre III, les deux amis ont marché quarante-cinq minutes depuis l'opéra Garnier pour rejoindre la tour Eiffel, qu'ils comptent visiter. Pour tenir, ils ont pris soin d'acheter des bouteilles d'eau mais «elle est chaude», constatent-ils. «On reste que quatre jours alors on veut voir un maximum de monuments», explique Simon, qui arrive de Quimper. Qiu vient du pays de Galles. Elle a changé de tenue au cours de la journée. Ce matin, elle avait opté pour un jean. Grave erreur. Alors elle s'est offert un short en denim. Question de survie.

Le Québécois : vraie chemise hawaïenne

«La chemise hawaïenne vient de Micronésie, c'est une vraie !» Jean-Louis vit à Montréal et visite Paris tous les ans depuis des lustres. Quelqu'un lui a dit que la mode était à la chemise à fleurs, alors il a ressorti sa trouvaille pour ce jour de chaleur. «A Paris, on fait plus attention à ce qu'on porte, c'est sûr. A Montréal, on est plus décontractés, les gens sont moins préoccupés par leur look.» Le pantalon, c'est en prévision d'un dîner au resto. Ce jeudi matin, il avait d'abord opté pour un short : «J'avais plusieurs options, j'ai pris la moins classique. Je n'avais jamais vu une telle chaleur. A Montréal, j'ai déjà vécu un -40 °C mais l'inverse, ça non.»

Le voiturier : en cravate

En le voyant en chemise-cravate-pantalon-chaussures cirées, on plaint d'abord le travailleur obligé de porter beau. Nicolas, 34 ans, est le voiturier du Divellec, institution du VIIe arrondissement, où les Maserati et autres Jaguar sont climatisées, qu'on se rassure. En poste à l'extérieur du restaurant, il tient sans se plaindre : «Je ne me laisse pas le choix.» Et paie son conseil : «Le matin, je prends une douche très froide, je garde les cheveux mouillés pour rester frais plus longtemps.» Il vit en proche banlieue et marche lentement car l'effort fait monter la température. «Le plus désagréable, c'est qu'il y a moins de métro en ce moment, les quais sont bondés, et ça monte vite en tension entre les gens.»

Le randonneur : du tissu technique et des coussins d’air

«On ne souffre pas de la chaleur, on est des randonneurs !» Philippe et Josette en ont vu d'autres. Même sous une canicule proche de l'insupportable, le couple originaire de l'Ain marche et marchera encore jusqu'à la fin de la journée. Pour un crapahutage heureux, l'important, c'est de bien choisir sa tenue : «Des vêtements aérés, en tissu technique, et de bonnes chaussures avec des coussins d'air. Surtout pas de claquettes !» précise monsieur, qui ne quittera pas sa minerve sur les recommandations de son chirurgien. Josette nous donne quelques tuyaux sur les bonnes chaussures à adopter sous 40 °C : «Attention au piège des chaussures aux semelles perforées. Quand le bitume brûle, ça chauffe le pied.