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Récit

Disparition à Nantes : le corps de Steve Caniço retrouvé dans la Loire

Affaire Steve Caniçodossier
Alors qu'il avait disparu depuis la nuit de la Fête de la musique, le corps de Steve a été retrouvé dans la Loire hier en fin d'après-midi. Son identité a été confirmée ce matin par le procureur de la République, suite à une autopsie.
Vue sur le quai en contrebas duquel a été découvert le corps de Steve Caniço le 29 Juillet 2019. (Théophile TROSSAT/Photo Théophile Trossat pour Libération)
publié le 30 juillet 2019 à 13h20
(mis à jour le 30 juillet 2019 à 16h47)

Le corps de Steve Caniço, disparu dans la nuit du 21 au 22 juin, a été retrouvé lundi après-midi dans la Loire à proximité de la grue jaune de l'île de Nantes. La dépouille de cet éducateur de 24 ans flottait près d'un ponton à plus d'un kilomètre de l'endroit où il avait été vu pour la dernière fois le soir de la Fête de la musique. Le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, a annoncé ce mardi matin l'ouverture d'une information judiciaire pour «homicide involontaire». Au même moment, une autopsie était en cours. «L'identification a été confirmée, grâce à un examen dentaire, lors de l'autopsie», précise à Libération, Pierre Sennès.

Plongeurs, police judiciaire et juge d'instruction étaient rapidement arrivés sur place, lundi en fin de journée. Depuis plusieurs semaines, sa famille attendait une réponse des autorités et des recherches étaient en cours. Le corps a finalement été découvert fortuitement par le pilote d'une navette fluviale de transport en commun de la ville.

Les pompiers appelés à 17 h 25

«Son corps flottait au milieu du quai des Antilles et remontait le fleuve à cause de la marée», raconte à Libération Nicolas Le Bodo, qui arpente ce secteur depuis près d'une dizaine d'années. Le pilote a d'abord eu une «forte suspicion» d'apercevoir un corps lors d'un premier passage, sur son trajet entre la rive sud de la Loire et la gare maritime de Nantes, sur la rive nord. «Ces dernières semaines, on était plus vigilant qu'à l'accoutumée, on voyait un zodiac orange tourner», poursuit le pilote de la navette. Un coup d'œil dans les jumelles ne lui suffit pourtant pas à en avoir le cœur net. «Je me suis rapproché sur le trajet retour, poursuit Nicolas Le Bodo. Et j'ai décidé d'appeler les pompiers à 17 h 25.»

Le soir de la Fête de la musique, Steve Caniço participait à un rassemblement de plusieurs scènes techno sur le quai Wilson, au sud de l'île de Nantes. Aux alentours de 4 h 30, une violente charge policière mettait fin à la soirée et provoquait la chute d'au moins sept personnes dans la Loire. Pendant plus de vingt minutes, les policiers avaient tiré des grenades lacrymogènes vers les fêtards et le fleuve. Pourtant, plusieurs personnes les avaient tout de suite alertés du danger de la proximité avec le fleuve, puis deux minutes après le début de la charge, du fait que des personnes étaient tombées à l'eau.

Plusieurs procédures en cours

Selon plusieurs proches, Steve Caniço avait été aperçu, pour la dernière fois, un peu avant l'intervention de la police, en train de se reposer entre deux sound system. Depuis, sa famille, ses amis et ses collègues n'ont eu de cesse de demander «Où est Steve ?». Un cri directement adressé à la préfecture de Loire-Atlantique, jugée par beaucoup responsable de cette disparition et, aujourd'hui, de cette mort. Celle-ci n'a jamais répondu à nos nombreuses sollicitations sur l'intervention des forces de l'ordre et les instructions données au sein de la chaîne de commandement.

Cette enquête pour homicide involontaire s'ajoute à plusieurs autres procédures. Un premier volet administratif a été confié par le ministère de l'Intérieur à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Ce rapport, selon les déclarations de Christophe Castaner, doit être rendu public cette semaine. D'autres investigations judiciaires sont également menées dans le cadre d'une enquête préliminaire, ouverte à la suite d'un dépôt de 89 plaintes de fêtards. Celles-ci visent les policiers pour «mise en danger de la vie d'autrui» et «violences volontaires». Le Défenseur des droits s'est par ailleurs autosaisi de l'affaire et a également ouvert une enquête tandis que mardi après-midi le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé saisir l'Inspection générale de l'administration (IGA) «pour aller plus loin et comprendre les conditions d'organisation de l'événement par les pouvoirs publics, mairie et préfecture, ainsi que les organisateurs privés». Les conclusions sont attendues sous un mois.