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Libération

Whirlpool : «Un désastre humain»

publié le 30 juillet 2019 à 20h46

«Tu vas l'encadrer ta lettre ?» Sur le parking de l'usine WN Factory (ex-Whirlpool), à Amiens, Christophe, 42 ans, tente d'arracher un sourire à son collègue Geoffrey. «Non, je vais la brûler !» lui dit ce dernier, amer. Dans trois semaines, ces deux anciens opérateurs de WN et ex-salariés de Whirlpool reviendront sur le site où ils ont travaillé pendant vingt-deux ans pour retirer leur lettre d'embauche ou de licenciement. A quitte ou double.

WN Factory a été placée en redressement judiciaire début juin. La reprise de l’usine par un proche d’Emmanuel Macron avait été présentée en 2017 par le futur président comme une solution après la délocalisation en Pologne de l’activité de production de sèche-linges de Whirlpool. Elle a tourné au fiasco industriel. Mardi, les juges du tribunal de commerce d’Amiens ont officiellement désigné Ageco comme repreneur. Sur les 182 salariés de WN, seuls 44 seront repris. Les autres se retrouveront au chômage. Parmi les 138 licenciements économiques, 94 concernent des opérateurs. Les emplois les moins qualifiés de l’entreprise représentent 68 % des postes non repris.

C'est un nouveau drame social dans ce bassin déjà laminé par le départ de Whirlpool. «On a une pensée pour ceux qui ne seront pas repris. Nous, on a dit quels étaient les postes dont nous avons besoin, mais on ne connaît pas encore les noms de ceux qui vont nous rejoindre. On le saura le 19 août», annonce François Company, l'un des dirigeants d'Ageco. Lui veut croire à la «réindustrialisation du site». Un enthousiasme qui tranche avec la tristesse des ex-Whirlpool, dont Christophe : «C'est un désastre humain.»