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Libération

L’espoir perdu des migrants africains bloqués à Mayotte

publié le 2 août 2019 à 20h56

Il s'appelait Dany et avait 23 ans. Originaire de la république démocratique du Congo, il s'est pendu après avoir appris que sa demande d'asile avait été refusée à Mayotte. A la suite de ce drame, de nombreux ressortissants africains ont manifesté mardi à Mamoudzou pour exprimer leur tristesse et dénoncer leurs conditions de vie dans cet archipel de l'océan Indien, devenu en 2011 le 101e département français. «On attend pendant des mois d'avoir une réponse de la préfecture pour pouvoir faire les papiers. On les relance sans cesse mais il n'y a pas de réponse. En attendant, on est tous des morts-vivants ici», raconte l'un des manifestants à la chaîne Mayotte la Première.

Mayotte est devenue ces dernières années un nouveau point d'entrée vers l'Europe. Comme Dany, les migrants originaires d'Afrique sont de plus en plus nombreux à renoncer à la redoutable traversée de la Libye et aux risques de noyades en Méditerranée. Selon les chiffres de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), le nombre des demandes de protection déposées sur l'île a plus que doublé entre 2016 (387 demandes) et 2018 (809). Parmi celles-ci, près de 60 % proviennent de personnes originaires de la région des Grands Lacs (république démocratique du Congo, Rwanda et Burundi). Un chiffre en «constante évolution depuis 2014, en particulier avec l'augmentation des filières clandestines d'êtres humains», constate Romain Reille, directeur général de Solidarité Mayotte, une association qui accompagne les demandeurs d'asile.

Arrivés à Mayotte avec l’espoir d’une vie meilleure, les migrants africains déchantent vite. L’archipel est aujourd’hui le département le plus pauvre de France, avec un taux de chômage proche de 26 % et des conditions de vie précaires.

Pourtant, chaque année, des milliers de clandestins rallient ses côtes après avoir transité par les Comores. Ils entament alors une traversée de 70 kilomètres dans un bras de mer dangereux sur des kwassa-kwassa, de frêles embarcations, parfois au péril de leur vie. En 2012, un rapport sénatorial estimait que ces traversées avaient causé «entre 7 000 et 10 000 morts depuis 1995». Désormais, près d'un habitant de Mayotte sur deux est de nationalité étrangère, dont la plupart d'origine comorienne.