Il y avait deux mondes, samedi à Nantes. D'un côté, un rassemblement voulu comme une marche blanche, en hommage à Steve Caniço, à l'endroit où son corps a été retrouvé lundi au pied de la grue jaune de l'île de Nantes. De l'autre, une manifestation, cri de colère contre les violences policières, qui a donné lieu à quelques débordements dans le centre-ville. Les proches se sont tenus éloignés, très critiques de toute forme de récupération. «C'est par où la manifestation ?» La question nous est adressée sur le quai Wilson, dernier endroit où Steve a été aperçu. Il faut marcher plusieurs minutes pour se rendre de là à la grue jaune. A 10 heures, 300 ou 400 personnes s'y retrouvent. Pas de discours mais un silence que percent parfois des applaudissements. Notamment quand on installe des banderoles dédiées au disparu. Contrairement à ce rassemblement, celui de 13 heures à Commerce, à la croisée des tramways nantais, est sous haute surveillance policière. Un bref chant, «Justice pour Steve», quand le cortège s'ébranle, laisse vite place aux slogans anti-flics. A plusieurs reprises, la progression est arrêtée par des lacrymos. Une barricade est dressée, des feux allumés. Au bout de trois heures, le gros de la foule est dispersé. Bilan : 39 gardes à vue pour quelques petits milliers de participants (1 700 selon la police).
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