Menu
Libération
On the road again

Renault et Nissan laissent la porte ouverte à un mariage à trois avec Fiat

Pas de trêve estivale dans les discussions entre les trois constructeurs automobiles. Le Japonais Nissan voudrait bien que Renault réduise sa participation dans son capital. En échange de quoi, une fusion avec l'Italien Fiat pourrait à nouveau être envisagée après avoir échoué il y a deux mois.
A picture taken on January 15, 2016 in Saint-Herblain, western France, shows the logo of carmaker Renault on one of its cars. - A government-appointed commission said on January 14, 2016 that Renault diesel engines failed pollution tests and investigators raided its facilities, raising fears the French carmaker could also be caught up in an emissions scandal. Officials said however no pollution cheating software was found on Renault cars. (Photo by LOIC VENANCE / AFP) (LOIC VENANCE/Loïc Venance. AFP)
publié le 5 août 2019 à 15h42

On croyait l'affaire définitivement à l'eau depuis les premiers jours du mois de juin mais elle retrouve une actualité au cœur de l'été. En ce début du mois d'août, à en croire le Wall Street Journal, Renault serait en pleine discussion avec son associé Nissan pour revoir les participations de chacun au sein de l'alliance constituée entre les deux constructeurs. Cette négociation serait un préalable à une réouverture des pourparlers avec Fiat-Chrysler, en vue d'un mariage à trois. Hasard ou coïncidence, le patron de Fiat-Chrysler, Mike Manley estime lundi que «la logique industrielle [de cette fusion] existe toujours» dans un entretien au quotidien britannique le Financial Times. Un appel du pied on ne peut plus clair.

Flash-back pour ceux qui ont loupé les premiers épisodes. Le 24 janvier, sitôt arrivé à la tête de Renault après l'éviction de Carlos Ghosn pour des accusations de fraude fiscale, le nouveau boss, Jean-Dominique Senard, se fixe pour objectif d'ouvrir une nouvelle ère pour l'alliance Renault-Nissan. Il entame donc de sérieux échanges avec Fiat-Chrysler en quête d'un partenaire, car un peu isolé dans l'industrie automobile en perpétuelle concentration. Les marchés financiers comme les salariés pensent l'affaire dans le sac. Au dernier moment, l'Etat français, actionnaire de référence de Renault, hésite à donner son accord et demande des délais supplémentaires. L'actionnaire de référence de Fiat, John Elkann, en prend alors ombrage et rompt les négociations d'un simple SMS. Les dirigeants de Renault reçoivent alors un sérieux coup sur la tête.

Rabibochage

Quelques jours plus tard, lors de l'assemblée générale des actionnaires de la firme au losange, Jean-Dominique Senard, pourtant connu pour sa retenue, tacle sèchement le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, représentant de l'Etat actionnaire : «C'est la première fois qu'il y avait la possibilité de créer un champion européen quand on déplore qu'il n'y en ait pas.» Et l'estocade à l'attention du ministre : «Je n'ai pas l'habitude d'être comme une moule, sympathique mais muette.» L'intéressé, surpris par une telle charge, envisage alors de virer Senard avant de se raviser. Depuis, selon les informations de Libération, les deux hommes se sont expliqués entre quatre yeux et réconciliés. Mais les discussions entre les constructeurs semblaient, elles, au point mort.

Il n’en est rien. Nissan, dont Renault possède 43% du capital, verrait d’un bon œil une réduction de la participation du constructeur français. D’autant que le Japonais ne détient lui, que 15% de Renault et sans le moindre droit de vote lors de l’assemblée des actionnaires. Si les deux trouvent un accord, alors, la porte s’ouvrirait de manière plus significative pour Fiat et permettrait ainsi la constitution d’un ensemble beaucoup plus conséquent pour faire face à la concurrence des deux autres poids lourds de l’automobile, Toyota et Volkswagen. Cette configuration nécessitera cependant l’aval de l’Etat français, fort de ses 15% du capital de Renault. Compte tenu de l’échec de ce printemps, les discussions entre Bercy et Boulogne-Billancourt, où se trouve le siège de Renault, n’en seront que plus sensibles et déterminantes.