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Libération

«Lionnes» : deux jeunes femmes radicalisées condamnées

publié le 7 août 2019 à 20h26

Mercredi après-midi, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Janna C., 21 ans, et Djelika S., 25 ans, à respectivement sept et six années de prison ferme, assorties de deux tiers de sûreté. Les deux jeunes femmes déjà placées en détention comparaissaient pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes terroristes». L'avocat de Janna C., Me Simon Clemenceau, a fait valoir qu'il s'agissait d'une «peine particulièrement lourde par rapport aux faits». «On est quand même que sur des paroles», ajoutait-il après le délibéré, même si sa cliente, un peu sonnée, s'estimait soulagée de ne pas avoir écopé des dix ans requis par le ministère public.

Sous surveillance de la DGSI, la jeune fille, résidant dans le Puy-de-Dôme et baignant à l'époque dans une intense propagande de l'EI, avait été interpellée en août 2016, alors qu'elle se disait prête à une action violente au nom du jihad, et cherchait à convaincre Y., encore mineure, de commettre un attentat. Son amie virtuelle du groupe des «Lionnes» sur Telegram, Djelika S., originaire de l'Essonne, avouera à la police qu'elle devait commettre avec Janna une attaque au couteau, et qu'une fois réunies, leur projet serait à «tuer le maximum de personnes». Des «mensonges», assurait l'ex-étudiante en sciences politiques de 25 ans devant le tribunal, le 12 juillet.

Face au profil de ces jeunes, dont l’extrême violence virtuelle contraste avec leur intense fragilité lors des débats, le procès cherchait à démêler la provocation pure des velléités de passage à l’acte, en cette année 2016 marquée par les attentats de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray. Un climat d’appel au meurtre entretenu par des jihadistes, dont Rachid Kassim, un Roannais parti rejoindre le «Sham» et qui appelait ses disciples à commettre des tueries en France via sa chaîne Telegram «Sabre et Lumière», à laquelle Janna était abonnée.

Le tribunal a tranché, jugeant les propos des deux jeunes ayant prêté allégeance à Daech «très inquiétants», tout en évoquant une attitude préoccupante en détention. D'où les cinq années de suivi socio-judiciaire supplémentaires pour Janna C., ainsi que l'inscription des deux amies au Fichier des auteurs d'infractions terroristes.