Jeu de rôles : Libération a proposé à six femmes politiques de se mettre dans la peau d'autres personnalités féminines et d'imaginer comment elles agiraient à leur place. Après Corinne Lepage, avocate et ancienne ministre de l'Environnement, voici Sandra Regol, porte-parole d'Europe Ecologie-Les Verts.
Vous êtes Greta Thunberg. Comment faites-vous prendre conscience aux politiques qu’ils doivent mener des actions plus ambitieuses contre le dérèglement climatique ?
Cette jeune fille qui a mis face à ses contradictions le système politique fait déjà beaucoup ! Dans ce quasi sans faute, j’ai, avec elle, une seule différence stratégique. Si j’étais Greta Thunberg, je n’hésiterais pas à donner mon avis sur les votes dangereux pour l’avenir, comme la ratification du Ceta, l’accord commercial avec le Canada. Dans la mesure où elle veut parler à tous, son refus de s’insérer dans les jeux politiques est sans doute le bon choix stratégique. Mais ma culture m’amènerait à prendre position contre les mauvaises décisions des gouvernants.
Vous êtes Agnès Buzyn. Que dites-vous aux opposants à la PMA pour qu’ils votent le projet de loi ?
Je veillerais à placer le débat sur le plan de l’égalité des droits. La PMA pour toutes, c’est l’octroi des mêmes droits pour les enfants, les parents, là où le flou actuel est terrible pour les familles. Je rappellerais que la France est le pays de l’égalité, cette valeur inscrite sur le fronton des mairies. Mais je crains qu’il ne puisse pas y avoir de débat apaisé, les détracteurs de l’extension de la PMA faisant de cette mesure un enjeu politique. Sans s’interroger sur l’effet de leurs arguments sur la vie des personnes concernées, ils divisent la société entre bons, méchants et boucs émissaires, afin de s’assurer un portefeuille électoral et politique.
Vous êtes Anne Hidalgo. Quelles mesures prenez-vous immédiatement pour améliorer la vie des Parisiens ?
Je reverrais l’organisation de la municipalité en nommant une écologiste comme première adjointe et plaçant ainsi deux femmes aux commandes ! Je procéderais à un encadrement des loyers et à un moratoire sur la construction de nouveaux immeubles de bureaux afin de rendre de nouveau l’habitat accessible dans la capitale. A défaut de pouvoir stopper l’organisation des Jeux olympiques à cinq ans de l’échéance, je ferais en sorte qu’ils soient le moins coûteux possible. Et je proposerais que cette période de grands travaux soit, au moins, l’occasion de créer des espaces de nature sauvage au cœur de la ville. Laisser, à certains endroits, la nature reprendre ses droits est majeur alors que nous allons connaître des épisodes de canicule de plus en plus nombreux.
Vous êtes Ursula von der Leyen. Quelle est votre première décision une fois élue à la tête de la Commission européenne ?
Je ferais voter le traité environnemental qu’Europe Ecologie-les Verts a présenté durant la campagne européenne. Ce traité surplomberait tous les autres textes et instaurerait le respect de l’environnement et la préservation de la planète comme normes supérieures à toute décision. De ce pacte fondateur qui transformerait en profondeur le système pour l’axer sur les droits des personnes et de la nature, découlerait un projet ambitieux de transition écologique pour toute l’Europe.