Jeu de rôles : Libération a proposé à six femmes politiques de se mettre dans la peau d'autres personnalités féminines et d'imaginer comment elles agiraient à leur place. Après Corinne Lepage, Sandra Regol, Olivia Grégoire, Gabrielle Siry et Rachida Dati, voici l'insoumise et candidate à la mairie de Paris, Danielle Simonnet.
Vous êtes Greta Thunberg. Comment faites-vous prendre conscience aux politiques qu’ils doivent mener des actions plus ambitieuses contre le dérèglement climatique ?
Je me servirais de ma notoriété et des médias pour faire prendre conscience de l’urgence de tout changer et pour sortir l’écologie de la question strictement environnementale, en soutenant les mouvements qui lient justice sociale et climatique comme les ZAD, les gilets Jaunes, les luttes contre les projets inutiles, les contre-sommets du G7 etc. pour faire passer le message que l’écologie politique c’est la remise en cause du capitalisme et du productivisme, de la croissance, du primat de l’économie sur la vie.
Vous êtes Agnès Buzyn. Que dites-vous aux opposants à la PMA pour qu’ils votent le projet de loi ?
Je commence par arrêter de casser l’hôpital public… La question principale de la PMA est l’égalité des droits. Peut-on être attaché·e aux principes fondamentaux de la République et s’y opposer ? Non. Reconnaître la diversité des familles ne retire de droit à personne. Cette égalité exige d’élargir la PMA aux couples de femmes et femmes seules, mais aussi à toute personne capable de porter un enfant (personnes intersexes, trans, non-binaires) et surtout, de ne pas créer un mode de filiation spécifique pour les couples de femmes. Bref, je commence par assumer une proposition de loi qui ne soit pas a minima.
Vous êtes Anne Hidalgo, quelles mesures prenez-vous immédiatement pour améliorer la vie des Parisiens ?
Vous me demandez donc les premières mesures que nous prendrons dans un an ? Nous procéderons à la réquisition de bâtiments et logements vides pour donner un toit à tout le monde, exilés compris. Nous installerons le référendum d'initiative citoyenne (RIC) local et un référendum pour annuler les JO. Nous arrêterons les opérations de spéculation comme les projets de la gare du Nord, Montparnasse, Bercy Charenton, la Tour Triangle etc. Il faut stopper la gentrification des quartiers populaires. Pour faire respirer la ville, nous créerons une trame bleue piétonne et cyclable du canal Saint-Martin de la Villette à la Seine et découvrirons la Bièvre pour que cette rivière retrouve vie à Paris. Nous sanctuariserons les arbres, les friches et créerons des rues vertes piétonnes et cyclables en réseau, reliant les espaces verts. Nous émanciperons la ville de la publicité et étendrons la gratuité des transports. Nous lancerons un plan global de municipalisation pour Vélib, les parkings, la verbalisation du stationnement, les crématoriums. Nous maintiendrons l'Hôtel-Dieu à 100% en hôpital public. Nous créerons un poste d'adjoint et une direction consacrés à la condition animale, pour retrouver un lien avec le vivant en général.
Vous êtes Ursula von der Leyen. Quelle est votre première décision une fois élue à la tête de la Commission européenne ?
Mettre un terme aux traités de libre-échange Tafta, Ceta, celui avec le Mercosur et instaurer un protectionnisme solidaire pour sauver l'agriculture paysanne et relocaliser l'industrie. De toute urgence, réglementer le secteur bancaire européen en séparant banques de dépôt et banques d'affaires et en interdisant les paradis fiscaux. J'ouvrirais un grand débat sur notre souveraineté et engagerais la renégociation des traités car ils interdisent toute harmonisation sociale et fiscale, nous soumettent aux lobbys et l'austérité qu'ils imposent est contraire à la bifurcation écologique à engager. Je proposerais la rupture avec leur règle d'or pour y substituer la règle verte. Bref, tout changer !