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Eclairage

Sécurité : chasseurs et gouvernement face à face

La chasse en débatdossier
Leur représentant était reçu mardi par la ministre de l’Ecologie en vue de faciliter l’extension des pouvoirs des «inspecteurs de l’environnement».
Guy Harlé d'Ophove, président de la Fédération de chasse de l'Oise, à Sacy-Le-Grand, le 18 août. (Photo Denis Allard pour Libération)
publié le 21 août 2019 à 20h26

Le rendez-vous est tombé presque un an, jour pour jour, après le remuant départ de Nicolas Hulot du gouvernement. La ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, a rencontré mardi le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), Willy Schraen. Les chasseurs étaient invités à faire part de leurs propositions pour mettre en œuvre, dès que possible, les premières mesures de la réforme adoptée le 16 juillet et visant à «renforcer la police de l’environnement».

Un «tête-à-tête» auquel seule la secrétaire d'Etat Emmanuelle Wargon aura eu le droit d'assister, afin d'évoquer les dossiers sensibles de cette rentrée, comme la mise en place de nouveaux quotas pour la chasse des espèces protégées (tourterelles, courlis cendrés, et cormorans) ou la création de l'Office français de la biodiversité (OFB).

Au mois de janvier, l'Agence française pour la biodiversité (AFB) et l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) fusionneront pour donner naissance à un seul établissement public, placé sous la direction de l'ancien directeur du Musée national d'histoire naturel, Pierre Dubreuil. «Nous nous sommes fait tordre le bras sur un certain nombre de points, et notamment la mise en place de quotas de chasse, reconnaît le lobbyiste Thierry Coste. Mais dans l'ensemble, nous avons réussi à imposer la priorité de la police rurale et à sauver les chasses traditionnelles.»

Les «inspecteurs de l'environnement» pourront désormais diligenter des enquêtes sans recourir à des officiers de police judiciaire, mais aussi accéder aux fichiers des véhicules et des armes. «Jusqu'à maintenant, on n'avait même pas le droit de contrôler les armes des chasseurs que l'on avait interpellés», ajoute Eric Gourdin, d'UNSA-écologie, qui regrette que les inspecteurs «soient encore trop souvent dessaisis de leurs affaires» au profit des gendarmes, dont «l'environnement n'est pas forcément le cœur de métier».

Avec 15 à 20 inspecteurs par département, les agents pourront resserrer leurs contrôles sur les chasseurs. Ces derniers seraient de plus en plus nombreux, si l’on en croit le succès du permis de chasse à 200 euros (au lieu de 400 euros). Un «cadeau» accordé par Emmanuel Macron au mois de juin, dont un membre de l’ONCFS nuance toutefois le succès : «Pour 80 euros de plus, vous pouvez désormais aller chasser n’importe où, les habitués se sont simplement reportés du permis départemental vers le permis national. Pas de quoi se taper sur le ventre, comme l’ont fait nos représentants nationaux…» Dans le Figaro du 13 août, Thierry Coste saluait la hausse du nombre de demandes de permis nationaux, de 40% depuis l’année dernière.