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Libération

«Islamophobie» : crise ouverte entre LFI et des militants des quartiers

publié le 27 août 2019 à 20h16

La tension monte entre les dirigeants de La France insoumise et des militants des banlieues. La cause ? Une polémique est née vendredi, lors de l'université d'été de LFI à Toulouse, après une conférence animée par Henri Peña-Ruiz, «Les trois boussoles de la laïcité». Une phrase du philosophe a atterri sur les réseaux sociaux : «On a le droit d'être islamophobe.» Depuis, le mouvement tente de la replacer dans le contexte. Henri Peña-Ruiz aussi. Les insoumis ont publié un long extrait pour mettre fin à la fronde. Le souci : les doutes ne se dissipent pas. La définition du terme «islamophobe» clive - les insoumis n'ont jamais utilisé ce mot. De nombreuses figures du mouvement expliquent que, contrairement aux actes visant les musulmans, l'islamophobie n'est pas un délit. Sur les réseaux sociaux, Madjid Messaoudene, élu à Saint-Denis répond : «C'est choquant car l'islamophobie, c'est l'hostilité aux musulmans et à l'islam.» Le débat sémantique n'est pas nouveau, mais il n'avait jamais à ce point enflammé LFI.

Samedi, au lendemain du débat, la tension s'est invitée sur un autre terrain. Benoît Schneckenburger, un dirigeant du mouvement, a interpellé bruyamment Taha Bouhafs, militant et journaliste proche des insoumis, pour lui reprocher un tweet - pas très sympathique - au sujet de Peña-Ruiz. La sécurité est intervenue. Taha Bouhafs a dénoncé une «agression physique». Le député de Seine-Saint-Denis, Eric Coquerel est arrivé dans un second temps pour apaiser les esprits. Pas simple.

L'altercation a occupé toutes les discussions entre les dirigeants. Ils regrettent la «perte de contrôle» de Schneckenburger. Une «erreur», disent-ils. Mais ne retiennent pas leurs coups lorsqu'il s'agit d'évoquer Bouhafs - alors que ce dernier a demandé «une explication et des excuses» de LFI. Une tête pensante ne veut «plus de lui» dans la galaxie insoumise.

Sur les réseaux sociaux, le débat est vif. «Il est clair qu'il sera difficile à l'avenir de participer à des actions avec des cadres qui continuent à nier l'islamophobie et qui ne font aucune déclaration pour condamner l'agression subie par Taha Bouhafs», dénonce par exemple Youcef Brakni, militant du collectif La vérité pour Adama.