«La conférence de presse, cette année, c'est tout au fond, là-bas dans le jardin». A l'arrivée rue de Grenelle (dans le VIIe arrondissement de Paris), des tables blanches avec des cakes au choco marbré attendent les journalistes. Et des chaises joliment alignées devant un platane pluriséculaire. «Vous avez aussi de ce côté-ci des bambous plantés par Jack Lang [ancien ministre de l'Education, ndlr] et quelques insectes qui vivent ici», informe Jean-Michel Blanquer. Le chant des oiseaux en fond sonore, le ministre attaque son discours de rentrée avec : «Je tenais à vous remercier d'être là [les journalistes, ndlr], dans cette ambiance champêtre. J'espère que vous revenez requinqués après les vacances.» On se pince. Jean-Michel Blanquer est aimable, il semble détendu.
«Le mot-clef de cette rentrée, c'est réussite»
«A la rentrée, on est toujours dans un état d'esprit assez joyeux, avec l'envie de réussir et d'être uni autour d'un objectif commun», «un état d'esprit collectif et d'optimisme». Après la crise du bac qui a secoué l'institution en juillet dernier, le ministre de l'Education sort donc le grand jeu de l'apaisement. «Il est largement temps de tourner la page de cette ambiance, de passer à autre chose. […] Il aurait été étonnant qu'il n'y ait ni inquiétude, ni interrogation. C'est bien normal face à une réforme en profondeur.» Et les sanctions promises aux profs grévistes ? «Le droit, rien que le droit. Mais ce n'est pas mon sujet principal pour la rentrée, vous l'avez compris.» Il a un nouveau mot fétiche, pour remplacer celui de «confiance» qu'il arborait jusqu'ici : «Le mot-clef de cette rentrée, c'est réussite. L'école française a beaucoup de qualités, beaucoup d'atouts.»
Blanquer-nouvelle-version insiste beaucoup sur l'importance du dialogue social. «Nous avons besoin de travailler toujours plus en profondeur avec les partenaires sociaux.» Il a installé deux comités de suivi : l'un pour la réforme du lycée général et technologique, et un autre pour la voie professionnelle. «Ces comités pourront être force de proposition, pour des ajustements.» Et les syndicats seront associés à ces comités, «bien sûr». «Nous allons aussi poursuivre les négociations sur les retraites et les salaires», dit-il encore, sans précisions concrètes. Il enchaîne : «Le bonheur professionnel des personnels est une clé. […] Le prestige du rôle de professeur est à la base de tout.»
Mesures contre les violences scolaires
Jean-Michel Blanquer égrène au passage de nouvelles mesures contre les violences scolaires. A la suite du mouvement #pasdevague, où des enseignants dénonçaient sur les réseaux sociaux le silence de leur hiérarchie face aux incivilités des élèves, le ministre avait promis un grand plan, maintes fois repoussé. Au menu : la présence des forces de police sera renforcée aux abords des établisssements, et les inspecteurs d’académie pourront désormais inscrire d’office les élèves les plus perturbateurs (maintes fois expulsés) dans des classes relais.
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Une petite gorgée d'eau plus tard : «Nous voulons aussi faire de l'Education nationale le fer de lance de la mobilisation environnementale.» Apparemment, nous sommes installés dans le jardin du ministère pas seulement pour le côté bucolique et le plan com' «ambiance détendue-changement de ton»… C'est aussi parce que l'Education nationale, première institution du pays, veut «se mettre en mouvement» pour la planète, comme les lycéens l'ont réclamé au printemps dernier. Arrive alors le point colibri de son discours. «Vous connaissez certainement la métaphore du colibri. Seul, on est impuissant, mais si chaque colibri transporte une goutte d'eau, alors l'incendie sera éteint.» Jean-Michel Blanquer ajoute avec sérieux : «A l'Education nationale, nous sommes un peuple de colibris. Pas du tout un mammouth.»