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Libération
Décryptage

François Hollande Le «traître» qui encombre à gauche

publié le 28 août 2019 à 20h46

Quelle est sa vie aujourd’hui ?

François Hollande se balade. Dans le jargon, ça donne : «Le président va à la rencontre des Français.» Exemple : il se rendra la semaine prochaine à la foire de Châlons. L'an dernier, l'ancien chef d'Etat s'était invité dans plusieurs collèges, un peu partout dans le pays, afin d'échanger sur les dangers à l'horizon. Hollande tente également de se tenir à l'écart des journalistes pour ne pas alimenter l'actualité politique de petites phrases. Dans le jargon, ça donne : «Prendre de la hauteur.» Le socialiste préfère disserter sur l'importance de la sociale-démocratie, l'un de ses sujets phares. Mais il lui arrive aussi de diversifier son propos. Cet automne, il publiera un nouveau livre, une «réflexion» sur les institutions et la démocratie. Une bonne raison de (re)partir en balade. En 2018, lors de la sortie de ses Leçons du pouvoir (200 000 exemplaires vendus selon l'éditeur), il avait fait le tour de France des librairies. Un succès inattendu. Cette fois, François Hollande ira à la rencontre des étudiants, dans les facs. Après, si le succès est à nouveau au rendez-vous et que les librairies l'invitent pour des séances de dédicaces, on le voit mal décliner. Dans le jargon, ça donne : «Etre à l'écoute des Français.» Parfois, il s'exporte. En novembre, il ira à Cuba pour le 500e anniversaire de La Havane, avant New York pour un discours à l'ONU.

L'ancien chef d'Etat clive. Les militants socialistes ne lui tombent pas dessus. Une majorité souligne les faux pas du quinquennat sans oublier de rappeler les avancées. Il suffit de se rendre à ses côtés dans une section socialiste pour comprendre. A l'étage du dessus, celui des élus d'aujourd'hui et d'hier, l'ambiance est différente. La série sur le Parti socialiste parue dans les colonnes du Monde permet de mesurer l'animosité, voire la haine, qui habite plusieurs dirigeants. François Hollande prend cher. Le quinquennat a laissé de profondes traces. Beaucoup parlent de «trahison». Et flippent d'une chose : son retour au premier plan. «On ne sait pas à quoi il joue ! Il a été président donc il a le droit de prendre la parole, mais il devrait mettre fin au faux suspense qui agace tout le monde et dire que la présidentielle ça ne l'intéresse pas, confie un député. Déjà, ça éviterait un accident industriel et il deviendrait plus audible car personne ne se demandera ce qui se cache derrière chacune de ses paroles.» Au sein du PS, il garde tout de même des fidèles. Le sénateur Patrick Kanner l'a invité le 4 septembre à Avignon pour la rentrée parlementaire des socialistes. François Hollande prononcera le discours de clôture. Une occasion pour lui de répéter l'un de ses refrains : «Le socialiste doit être fier d'être socialiste.»

Quel crédit auprès des Français ?

La relation entre François Hollande et les Français a toujours été flottante. Après son arrivée à l'Elysée, sa cote de popularité a très vite atteint des niveaux historiquement bas et n'a jamais vraiment redécollé. Seule sa gestion de la vague d'attentats durant son mandat est largement saluée. Un de ses amis se désole : «Il n'a jamais réussi à se faire accepter alors que dans le privé, c'est une autre personne, très humaine et drôle.» Un jour, François Hollande nous confiait qu'il a mis beaucoup de temps à enfiler le costume de président de la République.

Lorsqu’on s’éloigne du PS, pour prendre la température dans les autres partis, les mots sont durs. Les écologistes, qui ont topé avec les socialistes en 2012, les insoumis et les communistes sont sur la même ligne quand il s’agit de crier leur désamour de François Hollande. Ils ne veulent plus entendre parler de lui. A droite, ce qui est certes moins important à ses yeux, beaucoup le méprisent, à l’image de Nicolas Sarkozy.

Quelle relation avec Macron ?

Rien. Pas un mot. La relation entre Macron et Hollande est nulle. On oublierait presque que c'est le socialiste qui installé l'actuel chef de l'Etat dans le paysage politique. Les rapports se sont dégradés en 2016, lorsque le ministre de l'Economie a annoncé sa démission pour se lancer à la conquête du pouvoir. Après sa victoire, il n'a jamais invité Hollande à déjeuner où à dîner pour échanger sur la situation du pays, contrairement à Nicolas Sarkozy qui a son rond de serviette à l'Elysée. Une situation étonnante. «Ce n'est pas à moi de l'appeler et je ne suis pas en demande», disait il y a quelques mois le socialiste. Mais il ne déclinerait pas une invitation pour parler des gilets jaunes ou de Trump. Lors de ses sorties, dans ses discours, François Hollande ne se prive pas de partager ses doutes et de se payer la politique de Macron.