Venu disserter sur un thème plus qu'ouvert - «Où va le monde ?» -, Nicolas Sarkozy a eu droit jeudi à un accueil de rock-star à l'université d'été du Medef, rebaptisée «La REF» («Rencontres des entrepreneurs de France»). Arrivé bras dessus bras dessous avec son hôte, Geoffroy Roux de Bézieux, à l'hippodrome de Longchamp, l'ex-chef de l'Etat a été gratifié d'un très protocolaire «nous sommes heureux d'accueillir le président de la République».
«Je ne suis pas venu pour parler de politique au sens où je n'ai plus ambitions électives. La politique, je n'en ferai plus, c'est un passé que j'ai beaucoup aimé mais c'est du passé», a déclaré Sarkozy. Pour mieux vanter dans la foulée sa nouvelle vie «dans le monde de l'entreprise» et remercier son ami Sébastien Bazin «qui lui a ouvert les portes d'un grand groupe» : le géant hôtelier Accor où l'ancien chef de l'Etat dispose depuis 2017 d'un rond de serviette à 80 000 euros par an comme «administrateur indépendant». La question du «reviendra, reviendra pas» évacuée, le show a pu commencer. Le Brexit ? «Le plus important, ce n'est pas le qualificatif "hard" ou "soft" mais le mot "divorce"… Oui je sais, j'ai une certaine expérience en la matière», cabotine-t-il.
A une question sur le développement durable, il fait du Sarko : «Je me méfie des adjectifs : dans "justice sociale" ce qui compte c'est le mot "justice". C'est pareil pour la "croissance responsable", il faut d'abord la "croissance".» L'auteur de «l'environnement, ça commence à bien faire» s'en prend aussi à Hulot : «Ce ministre de l'Ecologie qui disait que toutes les voitures seront électriques dans dix ans et qui voulait fermer la moitié des centrales nucléaires. Ça roule comment les voitures électriques ?» Mais il a cible plus dangereuse : vous savez «cette jeune Suédoise, si sympathique, si souriante, tellement originale dans sa pensée» qui s'inquiète pour le climat sans se soucier du «choc démographique» : «Quand je suis né en 1955, c'était il n'y a pas si longtemps quand même, il y avait 2,5 milliards d'habitants. A la fin du siècle, nous serons 11 milliards.» Comme si Greta Thunberg n'en savait rien. L'assistance patronale est hilare, Sarko en a terminé.