Son arrestation, mercredi, à Cayenne, avait manqué de mettre le feu aux poudres. Olivier Goudet, le charismatique leader du mouvement des «500 frères» en Guyane, a finalement été libéré après plusieurs heures de garde à vue, comme l'a rapporté jeudi l'AFP. Le militant guyanais avait été interpellé à la suite d'une altercation avec un policier lors d'un rassemblement organisé par des assistantes familiales en soutien à l'une de leurs collègues devant la collectivité territoriale de Guyane (CTG), à Cayenne.
Présent dans la délégation avec une dizaine d'autres militants de l'association «Trop violans», Olivier Goudet aurait tenté de pénétrer dans le bâtiment abritant la CTG, malgré l'interdiction d'un policier, a confirmé à Libération son avocate, Me Louzé-Donzenac. Sur une vidéo diffusée jeudi par l'association, on peut voir le jeune homme se débattre avec l'un des fonctionnaires, avant d'être plaqué au sol, puis interpellé. L'agent en question, sous-brigadier de police, accuse le chef des «500 frères» de lui avoir donné des coups, occasionnant une journée d'interruption totale de travail.
Poursuivi pour «violence contre une personne dépositaire de l'ordre public», le militant estime «qu'il n'a pas porté de coups», assure son avocate. «Au contraire, c'est le policier qui le bouscule à deux reprises», a-t-elle repris. A la suite de son interpellation, une enquête a été confiée à la police judiciaire et plusieurs auditions ont été menées, comme l'a annoncé le directeur départemental de la sécurité publique à France TV Guyane.
Revendications sociales et sanitaires
Dans la soirée, une centaine de personnes se sont regroupées devant le commissariat de Cayenne pour réclamer sa libération. Plusieurs palettes de bois ont été incendiées, alors que 80 policiers et gendarmes étaient mobilisés pour «encadrer» la manifestation, selon les chiffres de la préfecture de Guyane. Libéré en fin de soirée, Olivier Goudet a annoncé sa convocation le 12 septembre devant le tribunal de Cayenne.
En février 2017, le mouvement des «500 frères contre la délinquance» avait embrasé la Guyane pendant plusieurs mois. Une réaction à l'insécurité très présente sur ce territoire, où plus de 25 homicides ont été recensés depuis le début 2019, sur une population de près de 300 000 habitants. Reconnaissables à leurs cagoules, les «500 frères» s'étaient fait connaître par des actions fortes contre la délinquance dans les quartiers de «Chicago» et de «Eau Lisette» à Cayenne. Le mouvement s'était ensuite élargi aux revendications sociales et sanitaires, avec des barricades et de grandes marches en centre-ville.
Pour mettre fin à la crise, le préfet de Guyane, Martin Jaeger, avait conclu en avril un accord avec les habitants, officialisant la création d'un état-major de sécurité sur le territoire et des renforts de gendarmerie. A l'époque, plusieurs membres des «frères» avaient pris leurs distances avec Olivier Goudet, alors ex-représentant de l'Union des travailleurs guyanais (UTG), qui s'était montré, lui, «déterminé à poursuivre le mouvement».